2016 M10 15
En cinq années, la Maison Moda a fait de La Java le temple où l’on peut transpirer jusqu’à sept heures sans poser les deux pieds par terre. Dans une ambiance où des drag queens dansent entre des filles aux seins nus et où des costumes brillants affluent du Tout-Paris, la dinguerie est à son pinacle. La preuve en images.
« Cette photo date de la première House Of Moda, le 5 janvier 2011. C’était un mercredi au Social Club, on était surpris qu’il y ait autant de monde. L’idée de départ était d’associer nos goûts pour la mode et le clubbing en une soirée, avec une inspiration principale : le voguing. Dans notre nom, « house », ça n’est pas pour la musique, mais c’est comme ça qu’on appelle les équipes de voguing : des maisons. Sauf qu’on voulait développer cet aspect en plus ludique, plus cheap aussi, comme peut le montrer cette photo… Pourquoi un loup ? On faisait des battles de style et plusieurs clubbers s’affrontaient. Là, un clubber de la House Of La Forêt. »
« Pour une House Of Moda à la Gaîté Lyrique, dans le cadre de l’exposition « Monstres de mode » en 2013, nous avions invité le danseur et chorégraphe François Chaignaud. Son show sur scène était accompagné par un très gros hip hop. Il dansait avec son bagage classique, empruntait au voguing et mélangeait les genres. Il a changé de tenue au moins quatre fois. Au fil des années, on a expérimenté pas mal de façons de faire rentrer des tenues extravagantes, du danseur contemporain à la drag queen. Notre mot d’ordre depuis le départ, c’est le look de soirée. On cherche à promouvoir le look extravagant et on invite tous les clubbers à être des créatures fabuleuses. Avec le temps, on a mis en place des thèmes, ça permet de renouveler les intérêts. »
« Là, c’est dans le backstage de la Java en 2015 : c’est moi. On peut considérer que la Java, c’est chez nous. Depuis 2013, chaque dernier samedi du mois, c’est House Of Moda. C’est notre lieu préféré, celui qu’on considère le mieux pour une fête. Il arrive qu’on lui fasse des infidélités parisiennes (pour la Gaîté Lyrique, La Folie), en province (à Marseille et à Nantes prochainement) ou à l’étranger. »
« Le cul de mon camarade Reno en 2016. On fonctionne bien tous les deux pour imaginer chaque soirée, chaque graphisme et line up. En général, on joue l’un au début et l’autre à la fin. Au milieu, on fait jouer nos DJ invités. Concernant le cul qu’on peut voir sur cette photo, c’est juste marrant. Pour nous, le look est une façon d’exprimer sa propre identité, son imaginaire, ses propres limites. Être cul nu, c’est débile, dérisoire, mais c’est aussi une petite forme de liberté. Tout le reste de la tenue a été fabriqué par Reno. Il est créateur de vêtement. C’est son truc d’habiller les créatures extravagantes. »
« Mon propre cul (photo inédite) en 2016. Vous vouliez voir l’arrière-boutique des House Of Moda, non ? »
« Depuis quelques années, le télé-crochet drag queen RuPaul’s Drag Race influence beaucoup de monde. House Of Moda a été un lieu où les drag queens sont venues « tester leur look ». Là, elle est sur la table à côté de Reno. C’est une scène assez emblématique du bordel de nos soirées. C’est chiant quand le DJ joue des vinyles parce que ça fait sauter le diamant. Il y a des gens excentriques partout sur les tables, il fait 40 degrés, mais en même temps c’est quand même un peu magique. »
Notez dans votre cahier de texte : la prochaine House Of Moda, c’est à la Java le 29 octobre avec la Canadienne Marie Davidson (Essaie Pas). Message aux absents, prévoyez un mot des parents.