2018 M06 15
Hello Evergreen, comment est-ce que vous vous êtes rencontrés tous les trois, sachant que vous n’êtes pas tous parisiens ?
Fabienne : On faisait des études de Lettres avec Michael, on s’est rencontrés dans un cours de théâtre. Et à côté, je faisais des percussions avec William, à Paris. On a commencé à écrire ensemble, faire des concerts... Sans vraiment bien se connaître en fait, ah ah !
William : On forme un triangle parfait entre Paris pour Fabienne, le Sud-Est pour Michaël et le Sud-Ouest pour moi. On a un point commun avec Michaël, les vagues, la plénitude.
Pour reprendre cette idée de vagues, c’est quelque chose qui revient pas mal dans votre univers, l’océan, l’eau, la mer. Pourquoi continuer sur cette thématique avec cet album « Overseas » ?
Michaël : La mer, pour nous, est quelque chose qui est rattaché à l’enfance, à l’origine. C’est aussi l’espace que l’on traverse de la France à l’Angleterre, pour préparer cet album mais aussi pour se voir car Fabienne et William habitent à Londres. On a vécu là-bas tous les trois pendant six ou sept ans. On aimait bien l’idée que la mer soit un lieu d’origine et de frontière, que l’on traverse. Cet album s’est conçu comme une forme de traversée, d’une langue à une autre, pour finalement mélanger les deux.
William : Tu as raison, on avait déjà en nous cette thématique de la mer mais on en était qu’au début. On allait vers quelque chose, là, c’est plutôt regarder d’où l’on vient. C’est une forme d’évolution, c’est notre but. En parallèle, on a changé de configuration en concert, on a changé d’instruments en studio. Pour résumer, l’album est vraiment parti d’essais, d’improvisations, de tentatives. Ces nouveaux instruments, qui sont des samples d’instruments asiatiques comme le hang, le balafon, on aime bien. On est attirés par ces sons d’ailleurs, ça nous fait vibrer.
Et comment est-ce que vous êtes arrivés à ces instruments asiatiques ?
Fabienne : C’est grâce à une boutique à Londres ! Minuscule, avec des instruments classiques à l’avant et à l’arrière, il y a plein d’instruments rares. Ils nous ont laissés tout essayer, ça nous a plu. Et ça a été notre première source d’inspiration pour l’écriture.
Vous faites de la musique pop, c’est gênant de le dire ? C’est une insulte ?
Fabienne : Pas du tout ! Bien au contraire. On a décidé d’assumer la pop pour cet album, et ça fait du bien !
William : C’est vrai que lorsque tu es adolescent, tu as envie de faire un truc compliqué, indie, surtout pas qui parle à tout le monde... Mais en grandissant, en fait, tu te rends compte que ce que tu adores, c’est chanter, avoir une mélodie en tête, revenir à des choses essentielles. L’essence de notre groupe, ce sont des chansons, le fait de se faire plaisir.
Michaël : Après, on cherche toujours les arrangements, on pourrait dire que l’on tente de faire de la pop « intéressante » ! Le mot pop est tellement large, ça convient à tout le monde au final. On fait de la pop oui, après, on est influencés par d’autres genres, styles, esprits. Tout le monde sort de son carcan. Il n’y a plus vraiment de genres. Tout le monde écoute de tout.
Changement dans votre groupe, votre nom. Vous êtes devenus simplement Evergreen, et non plus We Were Evergreen. Pourquoi ?
Fabienne : On voulait aller à l’essentiel et marquer un changement par rapport au début. Ça reste dans la continuité mais cette fois-ci, on a introduit des textes en français, on a évolué.
On se rencontre au Festival We Love Green, vous vous appelez Evergreen, ça ne fait pas overdose de Green tout ça ?
Michaël : On est hyper heureux de jouer à We Love Green en fait, ça faisait longtemps que l’on avait envie de venir. Et puis la programmation était top cette année, que ce soit Oumou Sangaré, Charlotte Gainsbourg, Tyler, The Creator, Björk ou encore King Krule.
Votre meilleure scène depuis le début de Evergreen ?
William : Beyrouth, sans hésiter. On a joué au Liban et là-bas, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a des coupures de courant tous les jours. On a fait 55 minutes de concert et bam, ça a coupé au dernier morceau. Du coup, dans le noir, on est descendus dans le public, on a chanté avec les gens, en acoustique. C’était mémorable. Et puis l’accueil sur place est fou, on a le sentiment que là-bas, il faut en profiter chaque soir comme si c’était le dernier.
Quelle chanson inavouable vous aimez écouter ensemble ?
William : Droit de réponse de Francky Vincent...
Fabienne : La honte !
Michaël : Tu connais ? C’est de ma faute si on écoute cette chanson. En fait, Francky Vincent utilise le medium du zouk, de cette chanson, pour insulter tout son staff. Et les refrains restent catchy, sans doute parce qu’il était obligé, mais le reste ce ne sont que des insultes... Peut-être qu’on devrait faire une reprise non ?
"Overseas" est sorti le 15 juin chez Because evergreen-sound.com
Crédit photo une : Sébastien Vincent