Comment le "Supalonely" de Benee est devenu l'hymne du confinement

Récemment, le "Los Angeles Times" évoquait la naissance d'un mouvement musical : la quarantine pop. Et c'est vrai qu'à bien regarder les charts ou les playlists sur les plateformes de streaming ces dernières semaines, une même tendance se dégage : la soudaine popularité de morceaux plombés par la solitude, l’anxiété et la peur de l’avenir.

Un album composé en studio aux côtés d’une flopée de musiciens et de techniciens ressemble aujourd’hui à un délire d’auteurs de science-fiction. À tel point qu’on ose à peine imaginer différents artistes se réunir dans ces lieux clos le temps d’un projet collaboratif. À la place, il faut croire que l’on préfère plonger dans des morceaux qui, de près ou de loin, évoquent la crise sanitaire, la crainte du monde extérieur, le désir de rester chez soi.

Sur Spotify, une multitude de playlists liées à la situation actuelle (« Isolation's song », « The Sound Of The Virus », etc.) ont même vu le jour ces derniers temps, certaines compilant des morceaux directement inspirés par le COVID-19 ; comme I Don’t Want To Wash My Hands (But I Guess I Will Because Of Coronavirus) ou Corona Virus de Lil Nix.

Ce genre d’initiative a également le mérite d’offrir un regain de popularité à des chansons passées jusqu’ici inaperçues. Parmi ces morceaux, il y a If the World Was Ending de JP Saxe et Julia Michaels et Bored In The House de Tyga et Curtis Roach, mais il y a surtout Supalonely de Benee : un titre où la Néo-Zélandaise glorifie ces journées qui s’étirent lorsqu’on est enfermé chez soi, tous ces moments où l’on privilégie le confort domestique aux escapades en ville.

Avant la mise en place du confinement, Supalonely n’était pourtant qu’un secret de mélomane bien gardé. Depuis, il a été streamé plus de 100 millions de fois et est devenu l'incarnation d'une véritable tendance. Le besoin des auditeurs d’écouter des morceaux qui débordent de ces sentiments qui ruinent à l’heure actuelle : la peur de la mort, l’anxiété, la tristesse, la solitude...

Cette tendance, on la vérifie même au sein du Billboard où une chanson comme Death Bed (Coffee For Your Head) de Powfu a fait un bon à la 43ème place du Hot 100, au point de distancer dans les charts les récents singles de Taylor Swift et Justin Bieber. En cause : ce texte angoissé, où le Canadien raconte sa peur de l'avenir, cette sensation de pouvoir mourir à tout moment. Et qu’importe si la chanson a été écrite il y a plusieurs semaines, comme un remède à une rupture sentimentale, son contenu fait aujourd’hui écho au quotidien de l’ensemble de la planète, et cela semble être une raison suffisante pour attirer des millions d'auditeurs en quête de réconfort.

Plutôt qu'un courant musical à part entière, défini par des codes purement esthétiques, la quarantine pop est donc avant tout le symbole d'une époque : celle qui permet aux auditeurs de recontextualiser le texte de n’importe quelle chanson et de consacrer les morceaux qui reflètent au mieux leur quotidien confiné.