Alors, elles valent quoi les « Confessions » de Katerine ?

Un casting de fou, une promo parfaitement maitrisée, une personnalité attachante... Tout ça, on est à peu près tous d'accord pour l'admettre. Mais une question reste en suspens : le dixième album de Philippe Katerine est-il à la hauteur des attentes ?

Chez Philippe, tout est permis. Il existe aujourd'hui une telle hype autour de Philippe Katerine qu'il semble impossible de poser une analyse objective sur son travail. On l'invite à commenter les derniers morceaux de rap français, on lui confie la rédaction en chef de magazine, on le consacre pour ses performances au cinéma...

À 50 ans, le Français fédère tellement qu'il peut même se permettre de réunir sur son dernier album un casting XXL, partagé entre des poids du 7ème art (Gérard Depardieu, Léa Seydoux), des figures indéboulonnables de la chanson française (Dominique A, Camille) et une nouvelle garde déjà au top (Lomepal, Angèle).

Le monde est à lui. Emporté par l’euphorie, il serait donc facile de considérer « Confessions » comme L’ALBUM français de l’année. C’est évidemment bien plus complexe que ça. Disons plutôt que cette dixième sortie de Katerine est probablement l’une des plus réussies de sa riche discographie. Un exemple ? On en a même plusieurs : la présence de véritables tubes, des invités qui imposent leur présence et ne se contentent pas d'être un simple atout bling-bling, des inclinaisons maitrisées vers d'autres genres musicaux (le hip-hop, notamment) et un propos qui fait intelligemment écho avec l'époque.

Tout au long de ces dix-huit titres, on l’entend ainsi évoquer, toujours avec cette dérision qui le caractérise, les relations de couple (« On a le même tempo, mais pas le même pattern »), l’homophobie (88%), la masculinité toxique (Bonhommes), l’impact des réseaux sociaux sur notre amour propre (Aimez-moi) ou encore le monde qui s’écroule : « Vous ne savez rien des migrants, des guerres civiles au Soudan, le Bataclan et Charlies / Vous n’avez pas tout saisi / Ce que vous avez compris / Le rêve n’est pas fini quand le soleil donne », chante-t-il.

À contrepied. Pourtant, impossible de ne pas voir dans le titre de cet album, « Confessions », un énième contrepied de la part de Philippe Katerine, tant ce disque paraît moins intime que « Film », sorti en 2016, ouvertement plus artisanal et centré autour de la figure d’un père disparu.

Ici, Katerine fait au contraire preuve d’une certaine extravagance. Dans son utilisation de musiques assistées par ordinateur (sans doute un clin d’œil à ses derniers coups de cœur : Frank Ocean, PNL), mais également dans ses textes, dans cette façon de parler plus volontiers d’« un monde où les animaux nous mangeraient » ou de la vanité de la parole politique plutôt que de réellement faire son introspection. En clair, Katerine s'amuse (de nous, du monde, des stéréotypes de la chanson française, etc), et on adore ça.