2018 M04 19
Speedy Gonzales. Souvenez-vous, c’était il y a 18 ans. La planète pop, légèrement endormie par des années 1990 mollassonnes (le trip hop…), voyait débarquer un mec un peu gras, mal rasé et en peignoir, pour clasher tous ses collègues dans des versions rap complètement déjantées. Quatre ans plus tard, la même planète découvrait, scotchée, qu’en plus d’être un clasheur né, Gonzales était un pianiste dans la droite lignée d’Erik Satie. Ça s’appelait « Solo Piano », depuis largement repris par les musiques de pub et tous les pianistes débutants qui peinent à swinguer comme Gonzo.
Plus de dix ans après cette escapade sur les touches, voici qu’il récidive avec « Other People’s choice », cette fois orienté sur des reprises de Drake, des Daft Punk et autres morceaux qu’il monte et démonte comme autant de LEGO réassemblés à sa sauce. Brutes de décoffrage, et presque captées à l’arrache dans des versions nues, ces reprises se révèlent instantanément essentielles.
Pas vraiment une surprise. Pour ceux qui connaissent bien l’animal, « Other People’s choice » est une suite logique. Voilà plusieurs années que Gonzo gratifie YouTube de ses master class où il s’amuse à expliquer les tubes de la pop en les décortiquant, tel le professeur de solfège qu’on a toujours rêvé d’avoir au collège face à son instrument favori. L’un des plus beaux exemples était à ce titre celui de Get Lucky, à (re)découvrir ci-dessous. À noter que Gonzales entretient une relation fidèle avec les deux Français, puisqu’il avait déjà bossé sur des remixes des Daft en 2003, puis bossé avec Bangalter et Guy-Manuel sur « Random Access Memories ».
Un collège fou fou fou. C’est donc avec cette tête sortie d’un manga qu'il s’attaque cette fois à Around The World, entre autres. Mais pas que. Il y a également des reprises de Weezer et de Lana pour son Video Games, dans un medley sublime. L’objet est évidemment indispensable et devrait sonner comme la B.O. idéale de toute personne souhaitant transformer chaque jour de sa vie en Saint-Valentin. Un complet 10/10 qui prouve qu'il n'est nul besoin de renfort marketing ni de grandes annonces ou de gros budgets de production quand on a le talent pour soi.