2020 M07 20
Il a suffi d'un tweet le lundi 13 juillet pour affoler les Internets : « The rebirth. New music Friday 7/17 », liké presque 100 000 fois et annonçant l'arrivée d'un nouveau morceau quatre jours plus tard, et trois ans après la sortie de « ALL-AMERIKKKAN BADA$$ », l'œuvre la plus aboutie à ce jour de Joey Bada$$. La plus introspective et politique également - tout est dans l’intitulé. Finalement, c'est avec un trois-titres (il refuse qu’on en parle comme un EP) que l'Américain annonce sa renaissance, qu'il souhaite plus concise, moins éparpillée et tellement abouti qu'elle ne peut que susciter l'adhésion.
C'est du moins son intention : « Le truc avec ce projet, c’est que tout le monde sera satisfait, et pas dans le sens où il y a trop de choses au menu, déclarait-il au magazine Complex il y a quelques mois au sujet de son prochain album. Tu viens à mon restaurant, il n’y a que 10 choix. Je déteste quand des connards sortent un album de plus de 14 morceaux. Personne n’a la putain d’envie d’écouter ça. »
The rebirth. New music Friday 7/17. pic.twitter.com/dJcY6V6EYn
— BADMON (@joeyBADASS) July 13, 2020
En attendant le long-format, ce nouveau projet témoigne de cette envie de ne pas s'éparpiller. En résulte trois morceaux de facture classique, à base de sample (Everybody Loves The Sunshine de Roy Ayers), de 16-mesures, de boucles de piano jazzy, de featuring prestigieux (Pusha T) et d’intentions vaguement conceptuelles : The Light représente l'âme, No Explanation l'esprit et Shine le corps.
On ne parlera donc pas de renaissance - même si on comprend que Joey Bada$$, huit ans après ses débuts à 17 ans, ait eu envie d'acter son entrée dans une nouvelle dimension, allant jusqu'à participer à une cérémonie vaudou traditionnelle -, mais bien d'un prolongement du travail d'ores et déjà réalisé. Après tout, sur fond de boom-bap, le rappeur ne définissait-il pas déjà sur Y U Don't Love Me ? (Miss Amerikkka), en 2017, la relation entre les Afro-Américains et les États-Unis comme une histoire d'amour non réciproque ?
À vrai dire, c'est bien parce qu'ils s'inscrivent dans l'héritage du rap new-yorkais que ces trois morceaux font beaucoup de bien, au hip-hop, à la musique en général, mais également à la joie toute bête de chantonner un refrain, l'air concentré, conscient d'interpréter là les mots d'un rappeur qui se libère de quelques démons et relativement fier d'être « la voix d'une génération de sans voix ».
« The Light Pack », qu’on le veuille ou non, entre donc en résonance avec les tensions qui animent les États-Unis à l’heure actuelle, et Joey Bada$$ ne s’en cache pas : « Mon but, avec le clip de The Light est d'inciter les personnes noires à prendre conscience de leur pouvoir et de se l'approprier, comme je l'ai fait. Ne soyez pas effrayé de ce que vous êtes, ils le sont pour vous. Nous sommes magiques »