Playlist : le rock ukrainien en 20 titres pas validés par Poutine

On le sait : la musique, c'est politique. Mais ce n’est jamais aussi vrai qu’avec l’Ukraine, où le rock est indissociable de l'histoire du pays. Et ce n'est pas le voisin Vladimir Poutine qui osera dire le contraire.
  • Alors que les tensions entre Russie et Ukraine semblent au bord de la rupture, la musique traduit les rapports complexes qu’ont toujours entretenu les deux pays. Même lorsqu'ils étaient réunis dans l'URSS. Dès les années 60, de premiers groupes de rock, comme Eney ou Hustuly sont forcés à la clandestinité. Car le rock est un art bourgeois, et seules sont validées des formations contrôlées, obéissant à des règles strictes : les VIA (acronyme d’ensemble vocal et instrumental en russe). De larges groupes, souvent entre six et dix membres, ventant la famille et le patriotisme. Cela n’empêche pas une certaine diversité, entre folk, ska, rock et pop.

    Il faudra attendre les années 80 et la perestroïka pour voir enfin les lignes bouger. En Ukraine, c’est une nouvelle génération d’artistes qui émerge : Mandry, Braty Hadiukini, Komu Vnyz, et d’autres. Alors que le soviétisme s’effondre, ils sont volontiers festifs, se rassemblant notamment au festival Chervona Ruta (du nom d’une chanson traditionnelle). La suite verra l’émergence de groupes plus classiques et populaires, comme Okean Elzy ou Druha Rika, ainsi qu’une vague stoner et metal, menée par le groupe Drudkh. La diaspora se fait également connaître, principalement avec Gogol Bordello, mené par un Eugene Hütz ukrainien. Mais la politique n’est jamais bien loin. Chanter en ukrainien ou en russe est un enjeu majeur. L’Eurovision fait ainsi office de quasi guerre froide entre les deux pays rivaux. L’Ukraine a gagné son duel en 2021 avec Go_A et sa techno folk punk réjouissante. L’édition en cours risque d’être plus complexe : la participante annoncée, Alina Pash, a été disqualifiée, accusée d’être proche du régime russe. Difficile d’échapper à l’ombre du conflit.

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