2019 M05 2
Entrer dans la légende. Que vous le vouliez ou non, le premier album des Stone Roses est un moment de grâce comme il en existe peu en musique. Un disque qui, malgré ses 30 printemps, sonne toujours comme s’il venait de sortir de l’usine de pressage. Et même si avant 1989, le groupe a sacrément galèré (changements de line-up, pas d’identité musicale fixe, un premier album mis au placard, etc.), Ian, John, Mani et Reni étaient quatre gars qui pensaient pouvoir devenir meilleurs que les Beatles. Et cette arrogance (un mode de vie à Manchester) leur a permis de pondre « The Stone Roses », un album qui ne ressemble à rien de ce qui s’était fait auparavant, et qui va pousser un paquet de jeunes à se lancer dans la musique, Liam Gallagher et Damon Alban en première ligne.
Tous ensemble. L’une des forces des Stone Roses ? Une harmonie presque parfaite entre les musiciens. Même si John Squire montre parfois ses influences (Hendrix sur Shoot You Down ou encore Marr sur Bye Bye Badman), on sent ici un artiste qui aime les expérimentations psychédéliques mais qui sait écrire des riffs qui restent en tête (Made Of Stone). À la basse, Reni tient la baraque (la première ligne de basse de She Bangs The Drums est autant un classique que Come As You Are de Nirvana) et le batteur Mani est réglé comme du papier à musique. Le groupe joue en rythme et joue bien.
La gloire. Les Stone Roses signent, sur Silvertone Records, un contrat de… 8 albums. Le premier sort le 2 mai 1989. Ian Brown s’en prend à la Monarchie, au gouvernement et se la raconte (I am Resurrection). Sur She Bangs The Drums, il y a cette phrase : « Le passé était à toi mais le futur m’appartient ». La jeunesse qui prend des acides et portent des baggy s’identifie au groupe et à ces chansons écrites dans l’urgence (ils ont menti au label en disant qu’ils avaient une bonne trentaine de chansons alors qu'ils n’en n’avaient que huit). Un concert mythique devant 27 000 personnes en 1990 (décrit comme le Woodstock de la génération baggy) les élève au rang de stars. Mais le futur ne sera pas aussi glorieux que les Stones Roses le chantent.
Intemporel. Le succès est donc bel et bien au rendez-vous et, fatalement, l’argent, les drogues et la gloire ont de quoi perturber ces lads anglais. Même si 5 ans plus tard, Ian Brown niera avoir été paresseux et camé entre 89 et 94, date de sortie du deuxième album laborieux (« Second Coming »), les Stone Roses semblent avoir une date de péremption, au vue notamment de la relation chaotique entre certains membres. Il reste ce disque, qu’ils voulaient intemporel. Mission plus que réussie.