2019 M06 28
Toujours là. D'emblée, une précision : si cinq années se sont écoulées entre « Turn Blue » et ce nouvel album, « Let's Rock », l'esprit Black Keys, lui, était bel et bien omniprésent. On le percevait dans les différents albums produits par Patrick Carney, mais aussi dans The Arcs, éphémère formation créée par le regretté Richard Swift et Dan Auerbach - sans parler des multiples collaborations de ce dernier avec la scène rock (Jake Bugg, La Luz, Yola...). À l’écoute de « Let’s Rock », on n’est donc pas vraiment surpris : c’est du Black Keys pur jus, le son de vieux briscards jouant du rock confortablement installés dans leur luxueux studio, Easy Eye Sound.
Authentique ? Histoire de s’assurer la sympathie - des médias, du public -, Patrick Carney et Dan Auerbach l’ont joué malin et ont réalisé toute une série de publicités, bien rigolotes, il faut le dire, où les deux Américains se définissent comme « le groupe le plus dangereux du monde ». C’est léger, ironique et bien plus agréable que l’écoute de ces trente-huit minutes censées renouer avec leur blues-rock originel. Sauf que de Shine A Little Light et Fire Walk With Me, c’est plutôt à une version édulcorée du genre que l’on pense. En clair, « Let’s Rock » n’a pas cette espèce de maladresse touchante des premiers albums, ce côté brut et crasseux qui rendait, par exemple, des titres comme Thickfreakness et The Lenghts plaisants à écouter.
Retour raté. On ne doute toutefois pas une seconde que ce neuvième album rencontre son public, et qu’il permette au duo de tourner une nouvelle fois dans les plus grands stades du monde entier. Mais était-ce vraiment le but ? Pas vraiment à en croire l’interview des deux compères dans les Inrocks, où il est question de lassitude et d’une certaine volonté de retrouver des scènes à taille humaine.
Sit Around And Miss You, probablement le titre le plus réussi du disque, vient confirmer ce sentiment : Black Keys est définitement plus attirant lorsqu’il met de côté ses folles ambitions, lorsque Dan Auerbach et Patrick Carney jouent du rock comme si leur vie en dépendait plutôt que pour faire tourner leur machine à hits. Dommage que « Let’s Rock » soit démuni de cette fièvre électrique.
Crédits photo : Alysse Gafkjen