2021 M12 6
Catégorie rock : BRNS
Il y a dix ans, les Bruxellois chantaient Mexico avec moins de manière et nettement plus d'énergie rock que Luis Mariano, et c'était une énorme claque, scénique et auditive. Depuis, les membres de BRNS ont continué de tourner, de triturer le rock et de donner vie à une discographie qui commence à avoir une sérieuse allure. Preuve en est faite avec « Celluloid Swamp », quatrième album enregistré loin du plat pays, à New York, avec la volonté de tout en envoyer bouler, les stéréotypes du rock comme les tics de production. Ainsi, ne cherchez pas spécialement de cohérence entre la nervosité de Get Something et la pop loufoque de Money : appréciez seulement le geste d'un groupe qui souhaite avant tout se faire plaisir.
Catégorie pop : Iliona
En attendant la sortie de son deuxième EP le 14 janvier, Iliona continue de publier de jolis singles à intervalles reguliers. Une façon pour elle de dévoiler peu à peu les subtiles nuances de son univers, mais aussi de prouver que la Bruxelloise ne peut être en aucun cas rapprochée d'Angèle, avec qui certains médias ont rapidement tenté de la comparer. Si tu m'aimes demain, dit son dernier single. À ce niveau-là, ce n'est pas simplement de l'amour, c'est de la passion.
Catégorie folk : Meskerem Mees
Il est parfois bon de se réfugier dans des disques qui n'offrent d'autre chose que de la douceur, une voix qui semble préservée des aléas du quotidien et des refrains délicats que notre esprit rêve de connaître intimement. À seulement 22 ans, Meskerem Mees vient de réussir cet exploit avec « Julius », un premier album à l'instrumentation minimale (une guitare acoustique, un violoncelle), aux mélodies dénudées et aux références parfaitement assumées (Joni Mitchell et Laura Marling). Comme quoi, une jeune femme originaire de Gand peut donner des leçons de présence et d’écriture à toute une flopée de singer-songwriters américains.
Catégorie rap : Badi
Programmé aux dernières Transmusicales, Badi n'a rien d'un jeune premier. Depuis 2011, le rappeur belge, originaire du Congo, a même multiplié les projets (EP's, album) avec toujours la même envie de mêler audaces stylistiques (beats synthétiques, inclinaisons électroniques) et diatribes politiques. Son dernier album se nomme « Trouble-fête », et cela n’a rien d’un hasard : à la manière de Stromae, Badi entend parler de sujets qui ne devraient plus fâcher (l’intégration, le racisme, etc.) sur des mélodies dansantes. Lesquelles, contrairement à ce qu’affirme l’un de ses derniers singles, soutenu par une session COLORS, n’ont aucune chance de mettre une « mauvaise ambiance ».
Catégorie électro : Rari
À la manière de Four Tet ou Jon Hopkins, le natif de Liège a profité de 2021 pour capter et projeter au sein de deux EP's (« The Arch (Part One) » et « The Arch (Part Two) ») une succession d’idées censées provoquer chez l'auditeur un état de transe. Une forme de voyage initiatique dont Rari est l'évident chef d'orchestre, une sorte de gourou aux goûts sûrs (il dit avoir grandi en écoutant Radiohead, The Prodigy et Aphex Twin), capable de captiver l'oreille à l'aide de ses harmonies et de ses mélodies progressives, en équilibre stable entre l'onirisme et la mélancolie. En témoignent Gallows et The Move où Rari étire ses notes, se donne le temps d'enchevêtrer les boucles et de mettre en son des morceaux gracieux qui donnent foi en l'avenir. Le sien, essentiellement.