Cinq albums indispensables à écouter en boucle à la rentrée

À défaut d’avoir le temps d’écouter tous les disques à paraître en cette rentrée, on peut au moins profiter longuement de quelques albums impeccables, pensés par des artistes soucieux de proposer des morceaux qui incitent à la réécoute. En voici déjà cinq.
  • The Limiñanas & Laurent Garnier - « De Pelicula »

    « Il s’agit d’un petit mec de province/Il aime la musique et le cinéma/Il va au lycée mais déteste ça ». En quelques mots, placés en ouverture de Saul, The Limiñanas et Laurent Garnier posent les bases de « De Pelicula », leur album commun, narratif, aux velléités cinématographiques. Un disque né pendant le confinement, à distance, quelques années après que le producteur français ait remixé Dimanche du duo catalan.

    Point fort : Ne pas être la « rencontre de deux mondes différents » : « De Pelicula » est avant tout un album rock, dépourvu de kick techno, à travers lequel les trois artistes exposent sans nostalgie aucune leur amour du krautrock (CAN, notamment), de la production 70’s et des groupes au son massif, presque viscéral (Suicide, The Stooges, etc.)

    Date de sortie : 10 septembre.

    Little Simz - « Sometimes I Might Be Introvert »

    Un deuxième album nommé au Mercury Prize, une performance remarquée dans la série Top Boy, une collaboration avec Gorillaz, les éloges de Kendrick Lamar, qui voit en elle l'une des meilleures rappeuses actuelles : en quelques années (son premier album, « A Curious Tale Of Trials + Persons », date de 2015), Little Simz a délaissé son costume de rookie pour enfiler celui, nettement plus fidèle à sa stature, de figures majeures du hip-hop mondial. On exagère ? Pas du tout : « Sometimes I Might Be Introvert », son troisième long-format, est à ce point ambitieux qu’il se permet de contenir en 19 morceaux toutes les obsessions, stylistiques et narratives, de la rappeuse anglaise.

    Point fort : Écouter Woman ou Introvert, les deux singles lancés en éclaireurs, portés par des clips très léchés, c’est aussi comprendre qu’il y a plus de littérature dans les textes de Little Simz que dans la plupart des romans édités en cette rentrée littéraire.

    Date de sortie : 03 septembre.

    박혜진 Park Hye Jin - « Before I Die »

    À l'instar de Peggy Gou ou Yaeji, 박혜진 Park Hye Jin prouve que la house se porte visiblement très bien en Corée du Sud. Sauf que la jeune femme, 26 ans, ne se limite aucunement à cette esthétique, aussi jouissive soit-elle. Sans doute influencée par ses récentes collaborations (avec Clams Casino, Nosaj Thing ou Blood Orange), c'est bien au contact du hip-hop qu’elle se frotte au sein de « Before I Die », son premier album, publié chez Ninja Tune.

    Point fort : Let's Sing Let's Dance et Whatchu Doin Later sont peut-être trop hybrides pour les médias généralistes, ses tubes peut-être encore un peu trop confidentiels pour le grand public, mais tous ces éléments n'empêchent pas de croire au potentiel de cette touche-à-tout aux idées larges.

    Date de sortie : 10 septembre.

    James Blake - « Friend That Break Your Heart »

    Contrairement à ce que suggère la pochette de ce cinquième album, James Blake n'est pas un homme à terre, en pleine décomposition. À l'écoute de « Friends That Break Your Heart », on le sent au contraire en pleine possession de ses moyens, bien entouré (FINNEAS, SZA, JID), et toujours aussi à l’aise lorsqu’il s’agit de composer des mélodies d’orfèvres, qui articulent les douloureuses questions de l’amour tout en énonçant les réponses qui font mal.

    Point fort : Say What You Will, indéniablement. On écoute ce refrain, profondément émouvant, et on ne se souvient que trop bien de la première fois où l'on est tombé amoureux.

    Date de sortie : 10 septembre.

    Amyl & The Sniffers - « Comfort To Me »

    Avec le temps, on a fini par comprendre qu'avec le rock qui pouvait être fait par des personnes d’âge mur, qu’être vieux, ça pouvait être cool. Reste que ce genre est rarement aussi jouissif que lorsqu’il est défendu par des artistes qui incarnent l’essence du teenager, avec tout ce que cela peut avoir d’extrême et d’irritant pour les adultes, envers qui l'adolescent nourrit parfois une forme de mépris, de dégoût et d’indignation. « Comfort To Me », le deuxième album des punk-rockeurs australiens, c’est exactement ça : un cri primal, une décharge électrique envoyée à la gueule de tous ceux qui pensaient que le rock n’avait plus rien à dire en 2021.

    Point fort : Dans des morceaux comme Guided By Angels et Capital, qui collent parfaitement à leur définition de ce que doit être une bonne punk-song : « Intense, rapide et dynamique. Si elle donne envie de taper contre quelque chose, c’est qu’elle est bonne ! ».

    Date de sortie : 10 septembre.