2022 M03 28
Partir pour mieux renaître : l’histoire est archi connue, aussi vieille que celle que l’on trouve dans la bible, mais fonctionne toujours. Ainsi, il a suffi à Kavinsky d'un seul tweet à l'automne dernier pour s'assurer que le monde l'attendait encore. Malgré près d’une décennie d'absence totale. Malgré de grands bouleversements dans les musiques électroniques. Malgré un futur désormais moins sexy que celui fantasmé à l'écoute de son premier album, « OutRun », sorti en 2013.
La vérité, c’est que Vincent Belorgey (au civil) n’a pas besoin de nous faire constamment la cour pour qu’on l’aime : dans un monde d’hyper communication, ses musiques parlent d’elles-mêmes. Elles sont l'œuvre d'un féru de l'asphalte, désormais moins attiré par la toute-puissance des machines que par le travail de studio, effectué auprès d'autres esthètes : Gaspard Augé (Justice) et Victor Le Masne (Housse de Racket), mais aussi son vieux complice SebastiAn le temps d'un Zenith à entendre comme la suite logique de Nightcall - un saxophone en plus.
À en croire le peu d'interviews données çà et là, tout est pourtant allé très vite : après plusieurs années de glandes, et de nombreuses bagnoles achetées, Kavinsky investit les studios Motorbass à l'été 2020. L'idée ? Ne pas sampler (si ce n‘est le bruit d’un réfrigérateur sur Pulsar...) et partager des sessions avec différents artistes (Sébastien Tellier, Phoenix, Prudence, Cautious Clay), ne serait-ce que pour donner une voix à des morceaux pourtant déjà très riches en images.
« J’étais flippé de revenir après une aussi longue absence avec un disque uniquement instrumental, raconte-t-il aux Inrocks. J’avais envie de passer en radio et de m’ouvrir à un nouveau public avec des morceaux chantés. C’est la première fois que je mettais véritablement un pied dans les collaborations vocales, une vraie tannée. Il y a plein de moments où j’ai pensé jeter l’éponge. »
On remercie donc Morgan Phalen, l’ancien chanteur de Diamond Night, d’avoir été si présent sur « Reborn » (quatre morceaux sur douze), et d’avoir fourni autant de mélodies vocales à Kavinsky : aucune d’entre elles ne vient dévier le trajet du Parisien, fidèle ici à son esthétique, mais chaque topline, chaque harmonie de voix a le mérite de rendre le parcours un peu plus excitant. À l’écoute de Goodbye, Zombie, Caméo, porté par une énergie funk à la The Weeknd, ou le très beau Outsider, on se dit aussi que toutes ces séries B ou ces films avec Belmondo n’ont pas été vus en vain.
On retrouve ici de nombreux éléments de leur bande-son, des connexions très appuyées avec les années 1980 (Phil Collins a failli être sur le disque...), et un même goût pour les longues rides, effectuées en costume blanc dans une décapotable au milieu des palmiers et des mimosas. Cette dimension était déjà assumée sur « OutRun », elle s'épanouit sur « Reborn » de la plus belle, quoique prévisible, des façons.
Crédits photo : Andre Chemetoff/Record Makers.