2021 M12 11
Serions-nous toutes et tous des musiciens durant nos ébats ? C’est ce que suggère cet étrange disque, composé par l’Anglais Matt Emery, sur une commande de la marque Lëlo. Celle-ci fabrique de nombreux sextoys, notamment un vibromasseur plaqué or de 24 carats, ou un masseur sonique. Pour ce projet, ils ont exploré profondément (façon de parler) cette dimension sonore, en appelant leurs utilisateurs à leur envoyer les sons réalisés durant leurs moments d’extase. Produits par des personnes de tout âge, toute orientation sexuelle, en couple ou en solo, ces sons ont ensuite servi de matière à cet EP de 5 titres, malicieusement nommé « Extended Pleasure ».
On vous arrête tout de suite : aucun de ces bruits n’est directement entendu dans le disque. Emery s’est simplement basé sur les ondes sonores recueillies, et a construit sa musique en respectant les mêmes dynamiques, rythmes et inflexions. Comme il le raconte : « En imitant les orgasmes et en les transformant en morceaux, j’ai basé mon écriture musicale sur les sons réels de l’orgasme pour capter l’énergie, le tempo et la sensation de chaque expérience individuelle. »
Pour faire honneur à la diversité de ces individus, le musicien s’est essayé à cinq styles différents : jazz, rock, hip-hop, néo-classique et disco. Malheureusement, le résultat est au final assez débandant. On se retrouve chaque fois face à un morceau stéréotypé de chaque genre, sans véritable idée musicale. Certes, le tout est relaxant, et les changements de tempos (en particulier dans le morceau hip-hop, de loin le plus réussi) peuvent faire réagir notre corps. Mais on dépasse rarement la simple musique de fond.
Restent seulement une bonne opération marketing et la volonté de mettre en avant l’importance du sexe et de la masturbation pour le bien-être. « Nous pensons que le plaisir doit être célébré par tout le monde, indépendamment de l’âge, des préférences sexuelles ou de l’identité » explique un représentant de la marque Lëlo.
Plus largement, cela permet de mettre le doigt (là encore, façon de parler) sur cette proximité observée entre l’orgasme et l’écoute musicale, ressentie par plus d’un mélomane. En 2015, une étude publiée dans Frontiers in psychogoly estimait que 5 % des auditeurs de musique pouvaient attendre une sensation proche de l’orgasme par la simple écoute. Les chercheurs ont baptisé cette sensation « frisson », en français dans le texte, ou « orgasme de la peau ». Reste encore à trouver la meilleure musique à écouter pendant l'acte.