Tonton David, auteur du célèbre tube "Chacun sa route", est mort

Victime d'un AVC, le chanteur de 53 ans n'était pas seulement l'auteur d'un ou deux tubes populaires. Il est également celui qui a permis à la France entière de découvrir le ragga et la culture dancehall.
  • Inutile de prétendre l’inverse : cela fait des années que l’on n’avait pas penser à Tonton David, un certain temps que l’on n’avait pas entendu un de ses morceaux, si ce n’est Chacun sa route après un énième visionnage à Noël d’Un Indien dans la ville. Pourtant, l’annonce de son décès, à 53 ans, provoque une drôle de sensation. Y compris chez ceux qui ont eu la chance de le côtoyer : Nuttea, Pierpoljak, Mokobé, Omar Sy, Abd Al Malik, Doc Gynéco ou encore Kheops d'IAM, tous sont allés de leur petit hommage. Sans doute parce que Tonton David était bien plus que l'interprète d'un tube, bien plus que ce chanteur qui a bercé l'enfance de toute une génération et dont on a oublié de prendre des nouvelles par la suite.

    David Gramont, c'est avant tout cet artiste à qui on doit la popularisation du raggamuffin en France. On est alors en 1990, la première compilation de rap débarque dans les bacs (« Rapattitude ») et, déjà, résonne un tube à la mélodie différente, plus légère, même si le propos se veut tout aussi concerné politiquement : « Issu d’un peuple qui a beaucoup souffert/Issu d’un peuple qui ne veut plus souffrir », tel est le refrain de Peuples du monde qui, en plus d'avoir été clippé par Mathieu Kassovitz et de mettre en lumière quelques graffeurs, officialise donc les liens très forts qui unissent le reggae et le rap au croisement des années 1980 et 1990.

    Après tout, les deux genres sont défendus par les mêmes populations, majoritairement issues des coins les plus défavorisés de France. Écouter les différents morceaux de Tonton David, c’est ainsi se confronter à la même réalité que celle dépeinte par IAM ou NTM à l’époque : Sûr et certain est un énorme tacle envoyé à la gorge du Front National par celui qui, dès son premier album, en 1990, définissait sa musique comme le « Blues des racailles ».

    Des albums, Tonton David n'en avait plus sorti depuis 2009. Les heures de gloire, clairement, étaient derrière lui, les ventes de « Allez leur lire » (350 000 exemplaires vendus) n'avaient jamais été égalées. Pourtant, le Français disait travailler sur un nouveau long-format, sans doute persuadé, pour paraphraser un de ses morceaux, d'avoir encore quelque chose à nous dire.