Theo Lawrence & The Hearts : « On n’essaie pas d’être originaux à tout prix. »

Quand Theo était gamin, il se disait que « Homemade Lemonade » ça sonnerait bien comme nom d’album. Quelques années plus tard, le Français accomplit sa prophétie et sert un album avec plein de bulles Soul à l'intérieur. L’occasion de lui poser quelques questions, autour d’un café cette fois.
  • T'étais stressé avant la sortie de l'album ?

    Pas du tout. J’avais presque l’impression qu’on l’avait déjà sorti en fait puisque ça fait longtemps qu’on est dessus et qu’on joue ensemble. On est vraiment passés par plein de phases à la conception, du coup on était juste soulagés qu’il sorte, on n’en pouvait plus de le retenir.

    C’est assez compliqué de définir votre musique…

    Notre morceau le plus connu et peut-être le plus identifiable c’est Heaven To Me, celui qui nous a lancés sur la route des festivals et nous a plus ou moins permis de vivre pendant un an. Après, on n’aime pas trop faire rentrer la musique dans des cases. On prend simplement tout ce qu’on aime, tout ce qu’on écoute et on le fait cohabiter ensemble : de la musique irlandaise et du Wu-Tang par exemple. Au-delà des influences des autres artistes c’est surtout à l’intérieur du groupe qu’on se construit. Quand on a commencé, notre son s’apparentait un peu à du Neil Young : moins arrangé et orchestré mais plus direct et plus blues. Puis le groupe s’est agrandi et de nouveaux instruments comme l’orgue et le piano sont venus enrichir notre musique. Assez naturellement, on a commencé à tendre vers d’autres styles plus soul et à prendre du plaisir à arranger les morceaux.

    Ce qui est étrange avec ce disque c’est qu’on a l’impression qu’il a toujours été là, comme un vieux souvenir.

    On n’essaie pas d’être originaux à tout prix, pour nous ce n’est pas une nécessité de bouleverser le paysage musical. Au contraire, il y a une sorte de confort à écouter des choses qui sont familières et qui paraissent évidentes, dans le bon sens du terme. J’aime quand j’ai l’impression d’avoir déjà écouté un morceau mais qu’une maigre différence change totalement la perspective. Dans ces moments tu te sens englobé et familièrement à l’aise et c’est ça le but qu'on cherche à atteindre : trouver notre identité pour que l’on sache que c’est Theo Lawrence & The Hearts.

    Malgré tout on ressent beaucoup d’influences.

    Personnellement, parmi mes maitres, ces sortes de gourous spirituels qui m’inspirent vraiment, il y a des artistes comme Aretha Franklin, Irma Thomas, Etta James ou Sister Rosetta Tharpe. J’aime aussi beaucoup John Prine, Neil Young et Dan Payne. Ce qui me rend fou c’est qu’en les écoutant il y a des perspectives qui se dégagent et que j’aimerais beaucoup réussir à toucher avec le groupe. Pour l’instant, on n’y est jamais arrivés, mais c’est notre objectif principal. Si jamais on y parvient, ne serait-ce que sur un seul morceau alors je serais tranquille. C’est un peu mégalo de dire ça mais j’adore l’idée de laisser un truc derrière moi, quelque chose qui finisse par me définir. C’est tellement important pour moi que je sais que dans cinquante ans, quand je ferais le bilan de ma vie, ce sera en termes d’albums que je réfléchirai et pas en nombre d’enfants. Mon moteur, c'est d’écrire des morceaux et de les enregistrer.

    L’album « Homemade Lemonade » sorti le 9 mars est disponible par ici. Le groupe jouera au Trianon le 27 novembre prochain.