The Away Days, de la dream pop à la révolution turque

  • Salles de concerts qui ferment, revival du tandem shoegaze / dream pop et engagement politique dans l’art : on a demandé au leader de The Away Days ce que ça faisait d’être dans un groupe indie turc encensé par la critique.

    Salut Can. On discutait avec Kim Ki O la dernière fois (autre groupe turc, ndlr), qui nous expliquait que leur musique était très politisée. Est-ce que The Away Days est aussi engagé sur la même voie ?

    Can Ozen : Pas vraiment. Notre musique est principalement basée sur nos rêves, nos sentiments et peut-être un peu nos vies passées. Par contre, on est dans une position où on peut faire remarquer aux gens ce qui se passe vraiment en Turquie. Mais on ne sera pas assez nombreux pendant un certain temps encore.

    « Les gens ont peur de sortir dans des lieux publics bondés […] ce qui affecte négativement la musique live. »

    Du coup, comment se passe la vie d’un groupe indie en Turquie ? J’ai entendu dire qu’Erdogan fermait les salles de concert…

    CO : L’industrie musicale a subi de grands bouleversements avec Internet, l’émergence des chaînes digitales et des médias sociaux. Certains voudraient appeler ce changement une démocratisation de l’industrie musicale, qui a permis à des jeunes groupes de se faire connaître auprès d’un vrai public d’enthousiastes, ce qui n’avait jamais été possible auparavant, ou du moins très difficile durant les années 2000. Et au contraire, on observe une érosion systématique des droits fondamentaux de l’homme et de la liberté d’expression en Turquie. Et ça dure depuis une décennie. Alors oui, c’est vrai que ce sont des temps difficiles. Les gens ont peur de sortir dans des lieux publics bondés. Les gens ont pris l’habitude de sortir de chez eux, mais pour aller chez des amis, ce qui affecte négativement la musique live. Plusieurs salles de concerts sont obligées de fermer parce qu’elles ne peuvent plus se permettre de payer le loyer, à moins que des personnes payent des billets. Et encore. Donc il y a des effets indirects oui…

    Heureusement, avec le net vous avez pu vous faire un nom, mais ça implique de bien travailler l’axe de communication et la promo. Est-ce que tu regrettes l’époque des groupes indé qui envoyaient des démos aux labels et qui misaient tout sur le live ?

    CO : Oui, on aimerait que ce soit plus facile de se faire connaître. Mais ça c’est de manière générale. Mais on sait que ça n’a jamais été facile et que, de toute façon, on doit travailler dur pour réaliser nos rêves.

    Récemment, on a vu un max de groupes shoegaze émerger en France, tandis que tous les groupes dream pop de la planète privilégient les synthés aux guitares. À vous entendre, on vous situerait plutôt entre Wild Nothing, DIIV ou Beach House. Est-ce que tu retrouves la musique de The Away Days dans tout ça ? Ou est-ce que tu t’en cognes ?

    CO : Oui, je suppose que c’est la bonne approche. Tous ces groupes peuvent être réunis sous le terme de “Dream”. Nous, quand on compose nos morceaux, nos rêves sont les choses qui nous inspirent le plus. Et les rêves sont flous, tu vois. Ils ne sont pas clairs. Ils ne te disent pas comment ton subconscient pense ou agit. Donc notre musique – qui implique beaucoup de reverb – est très floue aussi. Comme un rêve quoi.

    Le prochain single de The Away Days, intitulé Places to Go, sortira le 2 décembre, avant le premier album attendu pour mars 2017. Suivez The Away Days sur Facebook, ce groupe dépote.

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