2019 M02 18
120 minutes chrono. En 1999, le monde ne connait pas encore la 4G, les déferlements de la dubstep ou même Usain Bolt. Ce qui n'empêchent pas certains artistes de composer à vitesse grand V. Mr. Oizo, par exemple. À l'époque, le Français n'est alors qu'un punk de l'électronique, signé chez F Communications (le label de Laurent Garnier), pas encore installé dans la Cité des Anges et auteur de quelques singles à la cheap et crado : Kirk et M Seq, notamment, dont le clip marque l'apparition d'une petite peluche jaune qui ne s’appelle pas encore Flat Eric... Pourtant, en à peine deux heures, le bonhomme compose un morceau qui s’apprête à changer le futur - de sa vie, de sa carrière ou du petit monde des musiques électroniques. Son nom : Flat Beat.
Classique incompris. En 1999, le succès, auprès des auditeurs est immédiat. Du côté des labels, en revanche, la situation s’avérait plus compliquée à en croire Quentin Dupieux dans une interview à Noisey : « Pour la petite histoire, c'était un morceau que j'ai fait juste pour illustrer les pubs que je réalisais à l'époque. Puis on s'est aperçu que des gens adoraient, et que des mecs en Angleterre faisaient des bootlegs avec la loop de la pub. On s'est dit qu'il fallait le sortir, et comme c'était un truc de grosse envergure, vu que c'était une pub Levi's, j'ai fait cette connerie d'aller démarcher des grosses maisons de disques. Et je me suis retrouvé devant des gros cons type Pascal Nègre... Je me suis retrouvé devant ces mecs à faire écouter ce morceau qui n'a rien d'un tube, qui est mal fait, c'est juste une boucle infernale. Les mecs m'envoyaient chier, arrêtaient le truc en plein milieu. »
Sonner club. Pendant qu’Universal et autres majors s’affèrent à signer Lara Fabian, Patrick Fiori et autres artistes chantant à gorge déployée des sentiments aptes à faire sursauter les bigoudis de la ménagère, Mr. Oizo se rapproche à nouveau des gars de F Com et continue de croire en son single mal foutu, inspiré par les morceaux de Dopplereffekt, Daft Punk et les Beastie Boys. « J'essayais juste de faire de la dance music avec style, c'est tout. À ce moment-là je n'y connaissais rien aux genres ou aux sous-genres. J'essayais juste de sonner "club" », assure-t-il à DJ Mag.
Sans le savoir, le producteur met donc au point trois minutes et sept secondes de folie pure, qui s’écoulent par millions (trois, plus exactement) et permettent à toute une génération de mettre un pied en rave ou de jouer à leur tour une dance-music cheloue, contrariée par des rythmiques insensées et une production ultra-crade.
Nouvel EP. De son côté, Mr. Oizo a continué de balancer tout un tas de disques étranges, parfois fascinants, parfois moins... Ce qui est sûr, c'est qu'il n'a jamais renoué avec le succès de Flat Beat et qu'il a en parfaitement conscience. Le 22 mars, soit vingt ans jour pour jour apèrs la sortie de ce fameux single, le Français revient avec un nouvel EP qui comportera quatre titres, dont Dolce Vita, enregistré aux côtés du rappeur italien Phra, et Rythme Plat, un hommage au morceau dont vous connaissait désormais l'importance.