2018 M11 30
Sorti du placard. Il y a bientôt trois ans, Maes rejoignait les cellules de Villepinte et voyait en parallèle son premier projet (« Réelle vie ») susciter un certain engouement. À cette époque, marqué par le silence et la solitude, le rappeur du 9.3 fait son introspection, réfléchit, médite, écrit presque quotidiennement et commence à poser les bases de ce qui constitue aujourd’hui « Pure », un premier album maitrisé, seize titres sincères, amers, calibrés pour séduire et qui tranchent sévèrement avec les ambiances brutes et hardcores de ses premiers morceaux.
Âme meurtrie. « Dans Réelle Vie 1, je ne maîtrisais pas encore ma voix. Dans Réelle Vie 2.0, je me suis lâché. Je sortais de prison et j’avais une rage accumulée à expurger. Puis j'ai signé en maison de disque chez Millenium/Capitol et ça m'a apaisé. Ma vie quotidienne a radicalement changé. Ma mère est contente, mon père dort tranquille, je suis apaisé et ça se ressent dans mes morceaux. »
Aux Inrocks, Maes dit vrai : « Pure » est un disque d’ambiance, parfois festive, souvent morose, mais jamais crue. À l’inverse des textes qui, eux, plombés par les déboires judicaires, le spleen du dealer et les vices de la rue, dessinent les contours d'un personnage habitué à arpenter les marges de la vie : « Entre le bien et le mal, je me suis garé en biais », rappe-t-il sur Zipette.
L’impertinent. Derrière ce discours teinté d’amertume, il y a aussi des tubes. Dont Billets verts, balancé en éclaireur l’été dernier et certifié single d’or récemment, et Madrina, en duo avec Booba et voué à ambiancer les foules, venues des cités comme des beaux quartiers. Ce qui tend à prouver deux choses : que Maes est un rappeur polyvalent, capable de varier les atmosphères et les flows, et que « Pure » est taillé pour le succès. Même ceux qui se croient trop indés pour de tels refrains colorés et autotunés finiront par céder !