Sur ce label écossais, seuls les musiciens taulards sont acceptés

Voici Criminal Records, le premier label écossais entièrement dédié aux anciens détenus. Mais qui était au courant qu’il y avait des rappeurs en Écosse ? Personne apparemment. Ils sont tous en prison. Mais il y a désormais une structure pour aider ces gens coincés derrière les portes du pénitencier.

C'est l'une des surprenantes nouvelles de ce mois de septembre : la naissance de Criminal Records, un label créé par la chanteuse Jill Brown, pour tous ceux passés par la case zonzon. Après avoir travaillé en tant que présentatrice pour la télé locale, cette dernière a décidé de se consacrer à plein temps à la musique. Mais l’Écossaise ne voit pas son art de la même façon que tout le monde ; elle fait ses concerts seulement dans des centres de désintox’, pour les sans-abri et dans les prisons. Prise d’empathie pour les détenus qu’elle rencontre, la chanteuse se décide même à donner des cours de musique à Barlinnie, dans la banlieue de Glasgow, pendant près de dix ans. Elle a lancé son label le 12 septembre, en même temps que son nouveau single, Promised Land.

 

L’objectif de Jill Brown ? Éloigner les détenus de leur ancienne vie grâce à la musique, pour qu’ils se réinsèrent plus facilement à leur sortie. C’est donc de là qu’est né Criminal Records. Elle s’explique pour la BBC : “Je ne pense pas qu’on puisse enfermer des gens et s’attendre à ce qu’ils changent, si on n’a pas contribué positivement à leur vie en prison.” Une initiative qui s’applique, pour l’instant, uniquement à la prison de Barlinnie.

La chanteuse n’est pas seule dans ce challenge. Elle est accompagnée d’Eric McLellan qui a bossé dix ans à Sire Records pour Talking Heads et Madonna, entre autres. Ensemble, ils veulent donner une seconde chance à ces criminels et “leur donner la parole”. Ils vont d’abord signer des anciens détenus, mais l’objectif est tout de même de proposer des contrats à des gens toujours incarcérés. Les accords passés entre le label et le prisonnier/artiste seront bien sûr toujours valables à sa sortie. À l’avenir, il se pourrait aussi que les détenus aient accès à du matériel d’enregistrement. 

 

Selon McLellan, les chanteurs qui sont derrière les barreaux se dirigent essentiellement vers le hip-hop, comme par hasard. “Quand Tupac a signé chez Death Row, il était en prison. Ils ont payé sa caution et le lendemain il enregistrait All Eyez On Me qui s’est vendu à 10 millions d’exemplaires.” Sauf que Tupac avait une carrière avant d’aller au trou, ce qu’à priori, personne n’a actuellement à Barlinnie...

La scène rap écossaise n’a jamais fait de vagues, mais avec cette nouvelle structure à disposition, il se pourrait bien qu’on entende parler d'elle prochainement, et pas seulement dans la rubrique faits divers.