2018 M12 5
Son nom ne vous dit probablement rien. Mais ça risque de changer. Celui qui a d'abord formé Postaal, un groupe d'électro franco-anglais basé à Paris, se lance désormais en solo. Il s'appelle simplement Hervé et a déjà balancé deux chansons, Mélancolie FC et Va Piano. D'ailleurs, une vidéo d'une performance à la Gaîté Lyrique vient de sortir. L'occasion de taper la discute avec lui pour parler de ses influences, allant du rap à la chanson française.
Qu'est-ce qui t'a donné envie de te lancer dans la musique ?
J'ai grandi dans une petite ville dans les Yvelines, entre Versailles et Trappes, à Fontenay-le-Fleury. Et en fait, je voulais devenir footballeur professionnel comme beaucoup de personnes de mon quartier. Mais je me suis rendu compte qu'on n'allait pas tous devenir le nouveau Zidane. J'avais aussi pas mal de temps pour moi, je jouais du piano et c'est un peu l'ennui qui m'a poussé à me lancer.
Elle vient d'où cette volonté de faire ce projet solo ?
J'en ressentais le besoin. Même si musicalement tu peux exprimer beaucoup d'émotions quand tu es producteur - je pense au morceau Veridis Quo de Daft Punk qui peut te plaire pleurer, et pourtant, il n'y a pas de parole -, je suis arrivé au point où, pour m'exprimer, j'avais besoin de chanter.
C'est comment de bosser tout seul ?
Tu as une autre approche et cette solitude te pousse à l'introspection, à te remettre en question et à essayer d'écrire le plus sincèrement possible.
Tu parles des Daft Punk, de la French touch, mais il y a aussi Bashung qui est important pour toi, non ?
J'ai grandi avec ma mère et on a beaucoup écouté Bashung et Higelin aussi. Bashung est un héros pour moi. Sa musique me touche, il arrivait à trouver les bons mots sur les bonnes émotions.
Justement, cette quête-là a mené Bashung à un processus assez douloureux en studio, notamment sur l'album "Fantaisie Militaire"...
Bien sûr, mais je pense que c'est la manière la plus saine de vivre le truc. Je respecte ceux qui s'inventent un personnage, mais il y a quelque chose de sain dans le fait d'être soi-même et de se livrer. Sur "Fantaisie Militaire", je pense qu'il a pris beaucoup de risques, surtout d'un point de vue de la production. Quand tu entends Samuel Hall, moi j'entends quelqu'un dans une démarche progressiste.
Tu es dans la même démarche ?
Sur Va Piano, c'est ce qui m'intéresse : mélanger des univers qui ne sont pas forcément voués à se rencontrer. J'ai grandi dans un triangle. À Trappes, on écoutait beaucoup de rap français, le 113, Booba, etc. À la maison, c'était plus Bashung et Higelin et à Versailles quand j'ai 18 - 20 ans, je découvre Phoenix, Air, Daft Punk, etc. Donc j'ai grandi dans cette double culture : l'électro rock d'un côté et le rap et la chanson française avec l'exigence du texte de l'autre.
Tu penses sortir un disque l'année prochaine ?
On va commencer par un EP. Je pense que je vais beaucoup me livrer et ces chansons vont représenter mon adolescence et ma jeunesse. Je vois ce disque comme une photographie d'une période de ma vie.
Crédits photos : ©Loreleï Buser Suero