2018 M10 5
Art total. Léonie Pernet n’a pas la trentaine, mais a déjà un CV bien garni. On résume : elle organise des soirées techno-queer "Corps Vs Machine" sensibles aux causes LGBT+, elle a été à la batterie pour Yuksek, elle compose des musiques de films (Bébé Tigre de Cyprien Vial en 2014 et Marvin d’Anne Fontaine en 2017) et a une envie de faire de son art un acte politique. Sur le net, elle met en ligne depuis plusieurs années des remixes engagés. Par exemple, le « Mix Pour Tous » débute avec des fragments du discours de Christiane Taubira à l’occasion des débats sur le mariage pour tous. Il y a un an, c’est un mix poétique à la mémoire d’Adama Traoré, mort à 24 ans dans une gendarmerie, que Léonie a partagé.
Africa. Cet engagement se retranscrit dans sa musique, ses paroles (qu’elle chante en français, en anglais et en arabe) et dans le clip d’African Melancholia, qui suit les nuits cauchemardesques de Mohammed Mostafa, migrant soudanais qui a quitté son pays en 2015 parce que sa vie y était menacée. Le clip s’ouvre sur une citation du poète palestinien Mahmoud Darwich, qualifié de « poète de l’exil ». « African Melancholia chante cet autre visage qui est le mien, celui que j’ai détesté pendant tant d’années et que je chéris aujourd’hui », déclare Léonie. Un morceau inspiré par la musique malienne et du Sahel.
Force. Son premier album, qu’elle a peaufiné pendant quatre ans, s’intitule « Crave », que l’on peut traduire de l'anglais par "l’envie de quelque chose". Il est entièrement l’œuvre de Léonie, qui l’a composé et produit dans une solitude totale. L’univers de « Crave » est sombre, tantôt angoissant (Father, African Melancholia), tantôt dansant (Butterfly). Ce disque garde une ambiance féroce ainsi qu’une grande intensité, à l'image d'une odyssée progressive, entrecoupée d’instrumentales précises et de textures délicates et profondes.
Léonie Pernet sera sur la scène du festival MaMA le 17 octobre 2018 et en tournée dans toute la France jusqu’à la fin de l’année.
Crédit photo : @ag_rou