Qui es-tu Boogie, nouvelle signature du label d’Eminem ?

La semaine dernière, le Californien a réussi là où Westside Gunn et Yelawolf, autres signatures de Shady Records, ont échoué récemment : enregistrer un vrai album, cohérent et maîtrisé.

Sous une bonne étoile. Repéré par Eminem, qui souhaitait mettre la main sur une nouvelle pépite après quelques échecs dans les bacs (et après la séparation de Slaughterhouse), Boogie a visiblement voulu rendre la pareille à son boss sur son premier album (« Everything's For Sale »), sans doute conscient que le parrainage du rappeur de Détroit lui a permis d'être au centre des attentes ces dernières semaines.

Problème : la présence d'Eminem sur Rainy Days, traversé çà et là par quelques punchlines rigolotes ("I come from a place where shit could get shady / My chances were slim"), est probablement le seul moment faible d'un album presque parfait, taillé sous le soleil californien et calibré pour la ride.

Good kid, M.A.A.D. city. Les textes comme les productions transpirent en effet la Californie. Et plus particulièrement Compton, d’où Anthony Dixson, 29 ans, est originaire. C'est là, dans ce quartier qui a vu l'éclosion de N.W.A. ou Kendrick Lamar, que Boogie a fait ses premiers pas dans une chorale religieuse, découvert les disques de 2Pac, fait la rencontre des Bloods, avec qui il se lie d'amitié et opte pour l'illicite, et accueille son premier enfant en 2009.

C'est le déclic : il déménage à Burbank, fuit les rixtes entre gangs pour se réfugier dans la musique et publie ses deux premières mixtapes (« Thirst 48 » et « The Reach ») le jour de l’anniversaire de son fils, les 24 juin 2014 et 2015.

California love. Boogie a eu l'intelligence de prendre son temps au moment d'enregistrer son premier album, porté par un casting séduisant (J.I.D, 6lack, le jazzman Christian Scott et, donc, Eminem), des lyrics finement narratives et des productions qui voguent entre des références assumées (à la G-funk, aux beats soul, à la fusion rap/R'n'B du début des années 2000, etc.) et une peur de la normalité.

Sans doute est-ce pour cela que l'Américain oscille en permanence entre rap et chant, histoire de rendre son verbe fascinant et de mettre en avant sa facilité à changer de registre vocal selon qu’il fasse allégeance au catéchisme West Coast ou qu’il se livre à quelques introspections. Selon qu'il compose la bande-son de soirées barbercues sur la plage ou celle des bro' à qui l'on vient de dire adieu, à l'image de cette pochette aussi chargée d'émotion que l'album qu'elle illustre.