2018 M04 24
Pour une bonne partie du public, le premier souvenir directement rattaché à 1995 c’est les Rap Contenders et surtout la battle de Nekfeu contre Logik Konstantine : « J’gratte J’gratte et la nuit j’me défoule contre tes textes. [clap clap] C’est le bruit de mes boules contre tes fesses. » La punchline est lourde et la vidéo tourne partout à l’époque. C’est même la plus grosse audience jamais enregistrée pour un Rap Contenders avec huit millions de vues. Pourtant, elle date de 2011 et à l’époque, 1995 n’avait pas encore sorti le moindre projet. Avec cette punchline, Nekfeu a offert un tremplin doré à 1995 en préparant le terrain pour les deux EP et l’album « Paris Sud Minute » qui arrivera un an plus tard. C’est certainement aussi l’une des raisons pour lesquelles il a été considéré comme la figure emblématique du groupe. En tout cas celui qui a connu l’ascension la plus fulgurante.
Nekfeu. Autant en parler tout de suite, comme ça c’est fait. Nekfeu est à la fois la plume et le brise-glace. En dehors du succès de « Paris Sud Minute », c’est son album « Feu » qui a participé à braquer les projecteurs sur les rappeurs qui l’entourent. Il faut dire qu’en trois ans, Nekfeu c’est : un disque diamant pour son premier album, une « Victoire de la musique » et un double-disque de platine pour « Cyborg », sans même avoir clippé le moindre morceau. Après 1995, il a participé à de nombreux projets avec ses autres groupes (le S-Crew, l’Entourage et le 5 majeur) et assuré de nombreux featurings, notamment avec Dosseh, Orelsan, Seth Gueko et Deen Burbigo. En-dehors du rap, il s’est même attaqué au cinéma en se payant le luxe d’un premier rôle aux côtés de « Catherine Du Nine ».
Fonky Flav. C’est l’homme de l’ombre, celui qu’on oublie souvent de citer et qui joue pourtant un rôle prédominant dans l’équilibre du groupe. 1995 lui doit beaucoup car s’ils ont réussi à s’imposer en indépendants dans le monde du rap et à sortir leur premier et unique album « Paris Sud Minute » en 2012, c’est qu’il a accepté d’endosser le rôle de manager. En plus de poser ses couplets, Fonky Flav est devenu le businessman de la bande, celui qui deale lui-même les contrats. Une bonne partie des morceaux qui figurent sur l’album et les EP ont carrément étés enregistrés dans son placard spécialement aménagé en studio. Après avoir posé les premiers couplets de Flingue Dessus, le MC gère aujourd’hui son propre label Panenka Music sur lesquels ont signé entre autres PLK, Georgio ou Therapie TAXI.
Hologram Lo’. C’est le beatmaker attitré du groupe. D’ailleurs, en plus de tous ses projets solos comme « Deeplodocus » ou « Lexus EP », il participe encore aux projets des membres de 1995. En 2014, il a entièrement produit « Innercity », l’album d’Areno Jaz et il assure aussi la production de nombreux sons de Nekfeu, Sneazzy West ou Alpha Wann. Le temps qui lui reste, il le comble en faisant des collaborations avec Georgio, Lomepal, Caballero, Guizmo, Orelsan ou encore Jazzy Bazz pour ne citer qu’eux. Une liste plutôt sympathique.
Areno Jaz aka Darryl Zeuja. Il a certainement l’écriture la plus complexe de tous les membres du groupe et le style le plus marqué années 1990. Toujours en indé, il a lancé son propre label Jihelcee Records sur lequel on retrouve notamment la moitié de Nusky et Vaati. En plus de gérer son label, il a aussi pris le temps de sortir « Rue Du Bon Son » avec son autre groupe XLR et son album « Innercity » en collaboration étroite avec Hologram Lo’. En ce moment, Darryl lâche régulièrement de nouveaux morceaux dont Boulevard De La Réussite sorti le 21 avril.
Alpha Wann. Les influences sont clairement américaines et le flow facilement indentifiable. Récemment, Alpha a mis le feu dans le freestyle hors-série de Grünt, au pied du mont Fuji et toujours en compagnie de Nekfeu. Mais son actualité est loin de se résumer à un simple freestyle. Début 2014, il lançait déjà les hostilités avec l’EP « Alph Lauren », le premier d’une trilogie dont le dernier « Alph Lauren 3 » vient tout juste de sortir. Phaal a aussi monté son label Don Dada Records avec Hologram Lo’ et s’est lancé dans le textile avec Don Dada Athletics. Son dernier conseil mode ? C’est le turban.
Sneazzy West. Après 1995, la carrière de Sneazzy a connu des hauts et des bas. D’abord les bas avec les ventes de l’album « SUPER » en 2015 : en une semaine, seulement 1002 exemplaires écoulés, la faute à un ego trip mal géré et peut-être trop de featurings. Puis les hauts le 5 juin 2016 avec Gaddem, un remix sans fautes du morceau Shutdown de Skepta. La chorégraphie est huilée, le travelling fluide et la bouteille d’Arizona aussi fraîche que le son. Sneazzy a trouvé son style et les trois mixtapes « Dieu Bénisse Supersound » qui suivent sont toutes aussi bonnes. Pour continuer sur sa lancée, il a même sorti sa propre ligne de vêtements « Supersound » en 2018. Dédiée à tous ceux qui veulent lâcher des pures chorées sur des parkings.