2018 M10 29
La scène est un brin dystopique. Des blouses blanches, attelées autour d'un cadavre de Freddy Mercury jonché de fils et de capteurs, afin d'en étudier l'unicité. À première vue, on pourrait croire que c'est ainsi que l'équipe de chercheurs menée par le Pr. Christian T. Herbst a tenté d'élucider le mystère génétique derrière la voix de l'icône du rock. En vérité, c'est bien plus technique.
Comme ils l'expliquent dans la revue Logopedis Phoniatrics Vocology, les chercheurs ont plusieurs mois durant écouté des enregistrements a cappella ainsi que des interviews du chanteur, pour connaître sa voix sous tous ses aspects. Première conclusion, précoce : Freddy Mercury fait de sa voix un jouet, qu'il peut à la fois utiliser tendrement comme de manière rugueuse. Ceci grâce à un vibrato quelques crans au-dessus de la moyenne.
Un baryton. Voici ce qu'était Mercury, selon la science. En d'autres termes, un chanteur situé entre le ténor et la basse, incarnant la symbiose parfaite entre aigus et graves. Autre constat, ses cordes vocales surhumaines vibrent bien plus rapidement que la moyenne. Un vibrato classique va de 5,4 Hz à 6,9 Hz. Celui de Freddy, lui, tapait dans les 7,04 Hz. Étudier la voix d'un mort étant délicat, certaines expériences ont été menées sur le professeur de chant Daniel Zangger-Borch, qui imite le leader de Queen à la perfection.
Une caméra filmant 4000 images par seconde pointée sur la bouche de l'interprète, les chercheurs ont découvert que pour obtenir ce timbre de voix unique, Mercury utilisait le chant « subharmonique », qui permet de produire plusieurs notes en même temps en plaçant l'appareil vocal dans des positions particulières. Tout s'explique - ou presque.
Le biopic Bohemian Rhapsody est actuellement en salles.