2018 M11 27
Rêve américain. Un flow hérité des 90's, un look à faire pâlir les fans de rap à Queensbridge, un entourage haut de gamme (Bon Gamin, Tengo John, Lomepal) et des textes qui fantasment aussi bien le New York de Scorsese que les malfrats de The Wire : aucun doute, Prince Waly est un mec cool, avec qui on rêve de parler de l'âge d'or du Nouvel Hollywood, de Kidnapper le Président ou de Soudoyer le maire, du nom de deux ses titres les plus marquants – en solo ou au sein de Big Budha Cheez, le duo qu’il forme (ou formait ?) aux côtés de Fiasko.
Boxe avec les mots. Paradoxalement, c’est en se réappropriant des codes maintes fois éculés que Prince Waly parvient à attirer l’attention. Voire à se singulariser : personne, aujourd’hui, ne semble capable de rapper systématiquement avec le même flow, ralenti et narratif, sur des beats de Myth Syzer ou The Alchemist, aux côtés de Triplego, d’Oxmo Puccino ou d’Enchantée Julia, le temps d'un duo (45 tours) où les deux comparses racontaient l'histoire d'amour illicite entre un dealer et une cliente.
À l’ancienne. À l’entendre, le rappeur parisien doit surtout sa coolitude à Biggie, qui lui a fait comprendre qu’être bien portant n’était pas un frein au fait d’avoir la classe, d'être bien sapé ou de développer un rap singulier, plus influent que ses ventes ne pourraient le laisser supposer : « Laisse-moi rapper comme Lavokato ou le Prince Waly », dit même Alpha Wann sur son dernier album.
Son dernier clip, réalisé par Valentin Petit (Joke, Nekfeu, Raphael), en est l’exemple ultime. Au-delà de la référence au personnage interprété par Ving Rhames dans Pulp Fiction, Marsellus Wallace cristallise toutes les caractéristiques de Prince Waly : son intelligence dans l’utilisation du name dropping comme son sens du storytelling, toujours très fin et voué à séduire les foules sur son nouveau projet, « BO Y Z », à paraître en début d’année prochaine.