2018 M09 13
Quand il s’agit d’orner leur visage de tatouages, les rappeurs savent faire preuve d’inventivité. Post Malone arbore le lettrage « Always Tired » sur ses cernes, 21 Savage un poignard entre les sourcils, Kodak Black un crucifix sur la pommette et XXXTentacion portait jadis un arbre sur le front. Mis à part un esthétisme douteux et une reconversion en banquier de toute évidence impossible, ces tatouages ont un véritable sens, de leur réalisation à leur emplacement.
Nicolas Gumo est tatoueur, de Paris à Valence. Il dépeint ici un « phénomène culturel » à l’image d’une société où l’on « se montre beaucoup plus qu'avant et extériorise beaucoup plus ». Car le tatouage facial est sans aucun doute le plus connoté, le plus risqué mais aussi le plus visible. Pourtant, à part la nature audacieuse de son porteur, « son emplacement n'ajoute pas de symbolique au dessin ».
Généralement, une personne tatouée attaque le visage lorsque le corps est entièrement encré, faute de place. Plusieurs tatoueurs de l’ancienne école, d’ailleurs, refusent d’encrer une œuvre apparente aux yeux de tous tant que le reste du corps n’est pas rempli. Chez les rappeurs, c’est l’inverse : la visibilité avant tout.
« Il faut voir ça comme un gros doigt d’honneur aux institutions, à un mode de vie rangé, au reste de la société. Un tatouage facial revient à dire : "J'assume qui je suis, je ne serai jamais comme tout le monde, je franchis ce cap car je sais qu'il n'y aura aucun retour en arrière après ça." » estime Gumo.
YOLO, en somme.