Pourquoi il faut écouter le nouvel album de Thundercat

« It is what it is » vient de sortir sur toutes les plateformes de streaming et si notre printemps est déjà foutu, au moins le quatrième album du bassiste américain est réussi. Un beau casting avec deux invités de choix : Steve Lacy et un certain Childish Gambino.

Question à 100 000 dollars : comment va l’Amérique ? Sanitairement parlant, c’est pas la joie. Le pays de Donald Trump est officiellement devenu le pays le plus touché par le coronavirus. Musicalement, c’est autre chose. Grâce à des artistes comme Anderson .Paak ou Solange (la petite sœur de Beyoncé qui a dépassé son ainée depuis longtemps), l’Oncle Sam s’est fait un beau lifting avec un beau bronzage californien. Et c’est de cette couleur qu’est « It is what it is », nouvel album de Stephen Lee Bruner aka Thundercat, qui arrive à point nommé, trois ans après « Drunk ».

Pour arriver à ce beau résultat artistique comprenant 15 généreuses pistes, l’Américain n’a pas eu à chercher très loin : tout était à ses pieds, dans la Californie des seventies, celle du jazz et du funk où Stephen a grandi à rebours (il est né en 1984). Plutôt que de livrer un disque compliqué techniquement, uniquement accessible aux puristes à basses sans tête, voici un album sophistiqué mais « grand public » où l’on retrouve notamment Steve Lacy de The Internet (dont on vous disait le plus grand bien ici) et Childish Gambino sur Black Qualls. Tout cela n’est qu’un bout de l’iceberg, puisque le sentiment de bonne humeur et de groove coule dans toutes les veines de « It is what it is », au point qu’on a parfois l’impression que l’esprit de Herbie Hancock plane très haut sur ce « feel good album ».

C’est dans ce pur esprit jazz que le quatrième album participatif marque encore des points : plutôt que de faire vrombir son égo (il en aurait le droit), Thundercat profite encore de l’occasion pour réunir tous ses potes, notamment le saxophoniste Kamasi Washington, les Canadiens de BadBadNotGood ou encore le trop méconnu Louis Cole, un autre multi-instrumentiste californien aussi bien adoubé par les Red Hot que Quincy Jones, et qui a ici droit à son track (I love Louis Cole).

Tout cela donne une grosse bulle d’oxygène et fait de « It is what it is » l’une des réussites de 2020 ; une année déjà bien marquée par les silences puisque le coronavirus a mis à l’arrêt une grosse partie de l’industrie musicale. Plutôt que de décaler la sortie de cet album indispensable, Thundercat a préféré tenir bon. Peut-être, aussi, parce qu’on devrait le retrouver plus tard dans l’année aux côtés de Kendrick Lamar pour un autre nouvel album extrêmement attendu.