2019 M05 31
De la Seine-Maritime à la Bolivie, il n’y a qu’un pas. Une fois par an, les foufous de Pete the Monkey parviennent à relier les deux points grâce à une programmation qui a déjà vu passer des artistes comme Jacques, Parcels, Papooz, Flavien Berger et plein d’autres noms déjà repérés sur Jack. Chaque année, depuis 2011, l’objectif est le même : dépayser les festivaliers et transformer Saint-Aubin-sur-Mer en récréation militante, puisque tous les bénéfices sont reversés à Jacj Cuisi, une association bolivienne qui doit beaucoup à Louis et Robert Dumas, les deux fondateurs.
Pour nous aider à rentrer tranquillement dans cette incroyable jungle foraine, Dimitri et Pauline de Pete the Monkey nous expliquent l’histoire du festival, et ses valeurs. Ici, ce n’est pas qu’un discours, les deux vont de pair.
La légende raconte que la première édition de Pete the Monkey a eu lieu sur un terrain de tennis. Info ou intox ?
Pauline : Tout est parti de Louis et Robert, deux frères, qui passaient tous leurs été à Saint-Aubin-sur-Mer. Et là-bas, effectivement, ils jouaient ensemble dans un vieux club de tennis avec deux courts, dont l’un est devenu l’une de nos scènes. Bref là-bas ils organisaient des petites teufs avec les voisins du coin, à chaque fois avec des thèmes différents : soirée à pois, soirée à fleurs, etc. Ça a duré quelques années et puis ils ont fini par se dire qu’ils allaient créer le festival Pete the Monkey.
D’où est venu le nom ?
Pauline : Louis a passé quelques mois en Bolivie, dans une réserve de singes qui accueille les animaux victimes de trafics lucratifs et de la déforestation. Jusqu’au jour où, étant parti laver des bacs dans une rivière au milieu de l’Amazonie, il découvre un singe qui s’amuse à faire la vaisselle avec lui. Par chance, Louis avait sa petite caméra avec lui, commence à filmer le petit singe et diffuse la vidéo sur YouTube, qui explose et devient archi virale. La vidéo en question, il l’avait nommée « Pete the monkey ». Il faut dire que Louis est d’origine anglaise…
Et à l’inverse de beaucoup d’événements, Pete the Monkey accorde une place particulière à l’éco-responsabilité depuis le début.
Pauline : Oui, c’était important de monter un événement respectueux de la nature, on aime mère nature ! On a d’ailleurs encore renforcé ce point avec un audit hyper poussé de l’organisation non caritative A Greener Festival, qui nous a soumis un cahier des charges extrêmement poussé pour nous aider à réduire encore notre impact environnemental. Sur une échelle de 4, nous sommes actuellement à 2. C’est encourageant, et il y a encore du chemin à faire.
En parallèle des concerts, et comme sur beaucoup de festivals, vous proposez pas mal d’activités : il y a du sport, des saunas, des conférences, des massages et même une garderie. C’est important pour un festival, en 2019, de proposer plus que des concerts ?
Pauline : Dès le début, notre credo a été de pouvoir émerveiller autant les parents que les enfants ; c’est inter-générationnel. On essaie de créer une vraie bulle, et c’est généralement le retour des festivaliers. Pendant 3 jours ils sont coupés du monde et de leurs téléphones grâce à la musique, aux ateliers qui t’ouvrent les yeux sur le monde, l’artisanat, etc. On se veut vraiment comme un festival pluridisciplinaire, il y a du théâtre, de la danse…
« "On n’a jamais eu besoin de la programmation pour vendre des places." »
Parmi les points forts du festival, coup de bol, il y a la programmation musicale. À l’inverse de nombreux événements, on ne trouve pas chez vous les mêmes têtes d’affiche qu’ailleurs, et priorité semble donnée aux artistes français qui monte. Simple hasard ou choix assumé ?
Dimitri : On gère en parallèle la programmation du Pop-Up, du coup les connexions se font naturellement avec la scène parisienne et les groupes qui font souvent leurs débuts chez nous [au Pop-Up, ndlr]. Ça a notamment été le cas pour Lucien & The Kimono Orchestra, pareil pour Johan Papaconstantino…
Pauline : Dans le Pop-Up, il y a évidemment un aspect « laboratoire », avec une notion de famille française qui colle à notre ADN.
Cette esthétique, sur Pete the Monkey, a-t-elle été difficile à imposer au public ?
Dimitri : On ne voit pas les choses comme ça. Peut-être parce qu’on n’a jamais eu besoin de la programmation pour vendre des places. Cette année, on a vendu la première vague de tickets en deux heures, la deuxième en trois heures. C’était pareil l’année dernière. Et ça nous rend plus libre de pousser nos coups de cœur, avec la joie de les faire découvrir aux gens.
Vous êtes combien au total pour monter tout ce bazar ?
Pauline : A l’année, trois ou quatre, et pendant le festival, une petite centaine.
Dimitri : C’est important de dire que le festival a évolué naturellement, avec des gens qui sont revenus d’année en année, fidèlement, et c’est peut-être aussi pour ça que l’aventure continue, mais sans grossir démesurément.
Pauline : Pour l’édition 2019, on sera à priori au maximum de nos capacités d’accueil avec 4300 personnes par jour. Ce qui fait au total 13 000 personnes sur 3 jours.
Et pour finir, qu’est devenu Pete, le singe rencontré par Louis au tout début ?
Pauline : Il est hélas décédé voilà 5-6 ans, de sa belle mort. Mais l’intégralité des bénéfices du festival continue d’être reversée à l’association en Bolivie, et on échange évidemment tout au long de l’année avec eux. C’est une vraie richesse pour nous, humainement.
Pete the Monkey, du 11 ou 13 juillet avec notamment KoKoKo !, Kiddy Smile, Hubert Lenoir, Charlotte Adigéry et d’autres noms à venir.