Pen & Pixel : comment le mauvais goût a inondé les pochettes de rap des 90's

Pour certains, les années 1990 sont synonymes de l’avènement de Whitney Houston ou de Céline Dion. Pour d’autres, c’est la belle (ou sombre) époque du rap sudiste américain où tout le monde faisait appel à Pen & Pixel. L’entreprise de graphisme a donné une certaine esthétique au hip-hop qui, en retour, lui a collé à la peau pendant toute une décennie. Voire au-delà.

La particularité de Pen & Pixel ? Le mauvais goût et tout ce qui l’entoure. Ils suffit de foutre plein d’éléments visuels différents plus bling-bling les uns que les autres et hop, voilà une pochette. Shawn Brauch, fondateur de l’entreprise, le dit lui-même : “C’est comme faire une pizza.

Créé par les frères Brauch à Houston en 1992, Pen & Pixel s’est d’abord essayé à tous les styles de musique, mais “c’est le hip-hop qui a commencé à payer les factures”. À cette époque, les sudistes se mettent en avant petit à petit grâce à des labels indépendants fondateurs de cette nouvelle culture, comme No Limit ou Cash Money Records. Du coup, ce sont les artistes de ces maisons de disques qui ont le plus travaillé avec Pen & Pixel, comme Snoop Dogg ou Lil Wayne. Les consignes étaient très simples : plus c’est bizarre, mieux c’est. Ils n’ont pas raté leur coup.

La seule limite de Shawn et Aaron Brauch : ne pas faire de pochettes politiques ou "avec une femme enceinte qui se fait tirer dessus", comme ça leur a été demandé. En revanche, aucun problème à mettre en scène des ours en peignoir en train de fumer des cigares.

Mais comment a-t-on pu laisser passer ça pendant plus d’une décennie ? En réalité, Pen & Pixel était en avance sur son temps. Ses fondateurs ont très vite compris l’importance de Photoshop et surtout les économies qui en découlaient. Au lieu de mettre un rappeur dans une pièce avec une Rolls-Royce, des tigres et des montagnes de billets, ils prenaient des centaines de clichés de tous ces éléments séparément pour créer leur propre banque d’images, puis ils assemblaient ce qu’ils voulaient en fonction de la demande de l’artiste.

C’est ce qui leur a permis de produire quelque 19 180 pochettes en 11 ans. En 2003, la boîte met la clé sous la porte. Leur concept s'est essoufflé et les rappeurs comme le public sont moins intéressés par cette esthétique. 

Le rap est tellement vieux qu’il y a déjà des nostalgiques dans le milieu et a priori, 21 Savage et Metro Boomin en font partie. Ils sortent leur nouvel album “Savage Mode 2” ce vendredi et la pochette en a déjà terrorisé plus d’un. Bercés au hip-hop sudiste, les deux originaires d’Atlanta ont poussé le délire jusqu’au bout. 17 ans plus tard, ils sortent Pen & Pixel de leur retraite pour une cover événement. Légendaire.

Pour les admirateurs de l’époque Pen & Pixel, ou les autres, une grande partie de leurs pochettes sont réunies juste ici ou .