"Peel slowly and see" : l'histoire de la banane sur la pochette du Velvet Underground

“The Velvet Underground & Nico” marque les débuts dans la musique du groupe de Lou Reed, mais pas seulement. La pochette, réalisée par l’inévitable Andy Warhol, a fait rentrer cet album dans une autre dimension au point qu’elle est devenue presque aussi connue que le disque du Velvet Underground paru en 1967.
  • Tout le monde a déjà vu la fameuse banane jaune créée par Warhol, désormais complètement ancrée dans l’histoire, et si c’est ce fruit qui a été choisi, ce n’est pas par hasard. Sur la pochette très épurée (au point qu’il n’y a même pas le nom du groupe ou de l’album sur sa première version), on retrouve tout bonnement une grosse banane accompagnée du nom du peintre américain, histoire qu’on ne l’oublie pas. Mais ce qui compte vraiment, c’est ce qu’il y a sous la peau du fruit jaune.

    Au sommet de la banane, une courte phrase indique “peel slowly and see” pour “éplucher lentement et vous verrez”. En effet, dès qu’un fan achetait le vinyle du Velvet, il pouvait décoller l’autocollant pour découvrir une belle banane rose faisant étrangement penser à un pénis.

    Chaque autocollant présent sur les exemplaires de “The Velvet Underground & Nico” étaient placés à la main. "Quelqu'un devait s'asseoir devant des piles d'albums, décoller les autocollants jaunes des peaux de banane et les placer sur le fruit rose" expliquait Ronnie Cutrone, le directeur artistique de la pochette du Velvet aux côtés d’Andy Warhol. Un travail d’orfèvre qui a entraîné un report de la sortie de l’album de plusieurs mois et qui a dû prendre fin au bout d’un an d’exploitation seulement, tant la cadence de la tâche était infernale. Désormais, les vinyles originaux avec l'adhésif qui se détache se vendent à plus de 400€.

    La pochette et le concept autour de l’autocollant créé par Warhol sont volontairement provocateurs. Le but de cette oeuvre est bien sûr d’associer la banane à un sexe masculin, d’où la couleur chair que l’on retrouve sous la peau du fruit. “La banane a fait de cette pochette une sorte d’oeuvre d’art érotique.” balançait Lou Reed, pas peu fier du résultat final. 

    Malheureusement, les liens forts entre les membres du groupe et Warhol se sont très vite esquintés. Alors que le Velvet a rencontré un franc succès plus tard dans leur carrière, c’était loin d’être le cas à la sortie de “The Velvet Underground & Nico”. En réalité, après cinq ans dans la musique, le groupe n’avait vendu que 30 000 albums. Cela a déclenché de nombreuses discordes au sein du collectif, amenant Lou Reed à virer Nico et à s'embrouiller avec Warhol, qui n’était alors pas seulement l’auteur de la pochette, mais aussi le directeur artistique et le producteur du premier album du Velvet.

    Aujourd’hui, la cover est autant emblématique que le disque lui-même, une prouesse bien trop rare dans le monde de la musique. “The Velvet Underground & Nico” fêtera ses 54 ans le 12 mars prochain, et il n’a toujours pas pris une (lou) ride.