On a parlé de Vald, des X-Men et d'exemplarité avec Rim'K

Le rappeur originaire de Vitry et fondateur du 113 vient d'avoir 40 ans. Sa crise de la quarantaine, il la cristallise dans « Mutant », son huitième album sorti le 21 septembre.
  • 40 ans dont 24 passés dans le rap. C'est quoi ton secret jeunesse ?

    Je me régénère, comme un X-Men, comme un mutant. C'est de là, d'ailleurs, que vient le nom de l'album. Il n'y a plus beaucoup d'artistes comme moi qui parviennent à durer. Je suis un peu hybride, un peu bizarre. Mais dans le bon sens du terme. 

    Vald, Ninho, YL. Tous n'ont même pas 30 ans et posent sur ton album. Ils t'aident à te régénérer ?

    Exactement. D'abord, j'adore ce qu'ils font, je trouve qu'ils ont un vrai talent. D'ailleurs, si ce n'était pas le cas, ils ne seraient pas sur mon disque (rires). Ensuite, j'ai 24 ans de carrière. J'ai fait un million de choses. J'ai posé avec Mobb Deep, Daft Punk, Le Rat Luciano, Booba... À un moment donné, pour continuer de kiffer, ce qui est mon principal moteur, je dois continuer de faire des choses que je n'ai pas faites auparavant. Et cela passe par collaborer avec la nouvelle génération. 

    Tout cela se fait naturellement ?

    Il faut passer au-delà de la forme. Un mec comme Vald, par exemple, totalement cinglé et atypique, ne semble avoir aucun rapport avec moi. Finalement, lorsque tu creuses, tu vois que le gars a un délire totalement contrôlé. Donc génial. À l'écouter, ça m'a rappelé des titres que j'ai pu faire avec 113, comme Hold Up. En définitive, pour qu'une collaboration fonctionne, il suffit de trouver des atomes crochus sur lesquels se retrouver. Qui plus est, j'ai 17 neveux de tous les âges. Je sais parler aux plus jeunes et, quand il le faut, mettre un coup de pression (rires).

    C'est quoi, ta définition d'un « ancien » ? Tu en es un ?

    Tu es un ancien quand tes anciens ne sont plus là. Et les miens ne le sont plus. Cela demande plusieurs qualités, comme la bienveillance. Par exemple, je n'ai jamais refusé un featuring avec un rappeur de ma ville, Vitry. Qu'il soit bon, mauvais ou complètement claqué. C'est comme un devoir. 

    « Vald est complètement cinglé. C'est génial. »

    Tu es le parrain d'Abbé Road 2018, le concert contre le mal-logement organisé par la Fondation Abbé Pierre. Cela rentre-t-il justement dans tes missions d'ancien ?

    C'est simple : tout ce qui est du registre du social, ça me parle. Je viens d'un HLM, d'une grande famille issue de l'immigration et je suis musulman. J'ai tout contre moi (rires). En dix minutes, la Fondation Abbé Pierre m'a convaincu. Je pense qu'ils m'ont choisi car je fais le pont entre l'ancien et le nouveau modèle de médiatisation. Je suis à la fois présent sur les réseaux sociaux, dans la rue, dans les journaux et à la TV. 

    En 2004, tu sortais « Enfant du pays », ton premier album. On est en 2018 et tu viens de sortir Immigri, single qui dénonce les mêmes problèmes d'intégration. 14 ans plus tard, rien n'a changé ?

    C'est triste, n'est-ce pas ? Tant que ça ne change pas, je ressens le besoin d'en parler. On me dit : « Ouais, Rim'K, t'as 40 ans, tu ne vis plus dans les quartiers mais tu parles encore des quartiers. » Je le fais car il y a des petits, encore, qui éprouvent des difficultés dans les quartiers. Je suis obligé d'en parler. Le niveau social n'évolue pas, et tant que c'est le cas, je le ferai. 

    Tu es Au summum de ta carrière, là ?

    Honnêtement, je suis bien. Au summum, je ne sais pas. Les premiers instants étaient les plus incroyables. J'avais 19 ans, je n'avais pas la même perception, j'étais insouciant. On a commencé à trois, en plus, avec AP et Mokobé. C'était un rêve. Il y avait plein d'endroits où je ne pouvais me rendre seul car ma venue provoquait des émeutes. Mais j'ai envie de continuer. Tant que le plaisir est là, je serai là.

    « Mutant », le huitième album de Rim'K, est en écoute ci-dessous.