On a discuté avec Metronomy de la réédition de « Nights Out »

À l’occasion de la réédition du deuxième album de Metronomy, « Nights Out », Joseph Mount a pris le temps de revenir sur une période, la fin des années 2000, où il ne pensait pas vivre de la musique et où il utilisait encore Myspace pour faire sa promo.

Pourquoi avoir réédité « Nights Out » et pas « Pip Paine (Pay The £5000 You Owe) », votre premier album ?

« Nights Out » est le premier album de Metronomy qui a réellement attiré l’attention du grand public. Dans un sens, je pense même l’avoir abordé comme un premier album. « Pip Paine (Pay The £5000 You Owe) » n’avait pas marché, j’avais donc pris le temps de composer « Nights Out ». Je n’étais pas pressé par les tournées ou la promo, comme ça a pu être le cas par la suite.

Comme chaque premier ou deuxième album, c’est un disque qui a été réalisé sans avoir conscience des retombées qu’il pouvait provoquer. Le rééditer était donc une façon pour nous de le célébrer, mais aussi, on ne va pas se cacher, d’anticiper l’arrivée d’un nouvel album du groupe cette année.

Aujourd’hui, tu gardes quels souvenirs de l’enregistrement ? Contrairement aux albums suivants de Metronomy, celui-ci a été essentiellement réalisé via ordinateurs.

Le truc, c'est que l’on n’avait pas beaucoup de moyens et que je changeais constamment d’endroit à l’époque. Pendant l’enregistrement, je me suis fait larguer, j’ai donc dû quitter mon appartement à Brighton et ai dormi à droite et à gauche pendant quelques temps. C’est dans ces conditions qu’est né « Nights Out », entre Brighton et Londres, auprès d’Oscar et Gabriel, qui a depuis quitté le groupe.

À l’époque, tu disais que Metronomy fonctionnait comme une dictature…

Oui, parce que je composais, j'écrivais et je défendais la musique auprès des médias. Ça n’a pas vraiment changé aujourd’hui, mais l’espace de création s’est un peu ouvert aux autres. Ce qui prouve bien que je ne suis pas un horrible dictateur haha. Disons que je suis un dictateur généreux, qui sait ce qu’il veut mais qui est prêt à écouter son entourage.

« Nights Out » est un album très électronique. Tu avais l’habitude d’aller en club à l’époque ?

Londres était un endroit magnifique à la fin des années 2000. J’allais à la Fabric et au Trash, le club que tenait Erol Alkan. Je partageais des scènes avec les Klaxons dans des lieux qui ont aujourd’hui disparu. C’était vraiment la folie. On était jeune et plein d’énergie.

Tu es nostalgique ?

Non, j’ai bien conscience de la chance de pouvoir continuer à sortir des albums et à tourner dans le monde entier. Ce n’est pas le cas de tous les groupes de l’époque malheureusement. Si tu regardes, un certain nombre d'entre eux n'ont plus connu la même attention au cours des années 2010...

À l’époque, tu disais que Metronomy ne te permettrait pas de vivre correctement ta vie. Tu t’es bien planté pour le coup…

Haha. Je devais plaisanter. Ou alors, je savais pertinemment que les probabilités étaient faibles. Il faut quand même avoir pas mal de chance pour rencontrer un public, avoir la possibilité de donner de longues tournées et publier des albums attendus par un certain nombre de personnes dix ans après. À la fin des années 2000, j'étais bien trop insouciant pour penser à ça.

Aujourd’hui, quelle chanson de « Nights Out » te rend le plus fier ?

Je pense que c’est toujours Radio Ladio. Je crois que c’est la deuxième chanson de Metronomy sur laquelle je chante vraiment. En plus, elle a été classée numéro un pendant un temps. Que pouvais-je rêver de mieux ? Mais bon, je pense sincèrement que « Nights Out » est peut-être le seul album de Metronomy que je peux réécouter de bout en bout.

Ah ouais ? J’avais pourtant lu que tu avais un peu honte des paroles de A Thing For Me...

Oui, je trouvais que le passage où je disais « Go now / Oh how » était un peu ridicule. Mais en vieillissant, ça devient insignifiant. Ce n’est clairement pas de la poésie, mais ça sonne. N’étant plus du tout la même personne qu’à l’époque, je n’ai plus aucune raison d’être embarrassé par ce que j’ai pu faire lors des vingt-sept premières années de ma vie haha.

Tu penses que Metronomy a beaucoup changé depuis le temps ?

Bien sûr, tout est différent : je suis devenu père, notre son a évolué, certans diront qu'il est devenu plus pop, j’ai déménagé à Paris pendant un temps avant de revenir en Angleterre, on a connu de gros succès, etc… La seule constante, finalement, est le plaisir que je ressens à jouer de la musique.

Et l’industre musicale, elle a beaucoup changé selon toi ?

Le truc, c’est que l’on n’avait pas de grandes espérances sur Metronomy, donc le contrat que nous avions signé avec Because n’avait rien de déraisonnable. On ne s’attendait pas à faire des records de vente, donc on était modeste. Aujourd’hui, un album s’appréhende différemment.

On sait que l’on ne vendra pas des centaines de milliers de disques, que beaucoup des revenus se feront via le streaming, c’est quelque chose à prendre en compte. Le plus drôle, c'est que sur le vinyle original de « Nights Out », il y a l’adresse Myspace de Metronomy. À la fin des années 2000, c'est un moyen incroyable de se faire entendre et de discuter avec ses fans. Aujourd'hui, c'est totalement obsolète...

Enfin, pourquoi avoir enregistré une version en français d’Heartbreaker ? C’est parce que vous avez conscience d’être plus populaires en France que dans d’autres pays européens ?

Non, c’est juste que l’on était sur un label français [Because, ndlr]. Et puis il faut préciser que cette version a été enregistrée il y a dix ans. On ne l’avait jamais sortie, et je ne sais pas vraiment pourquoi. Ce qui est sûr, c’est que j’en aurais fait quelque chose de bien meilleur aujourd’hui haha.

La réédition de « Nights Out », agrémentée de tout un tas d'inédits et de remixes, s'écoute ci-dessous :