2016 M12 6
Il y a des faits qui ne trompent pas : en reprenant Too Good de Drake et Rihanna, quelques jours seulement après avoir annoncé un nouvel album pour mars, Nelly Furtado établit de suite une filiation entre sa musique et celle des icônes pop de notre époque. Étonnant ? Pas tant que ça. Car, bien que l’on ait tenté à ses débuts de la réduire au statut de jeune popstar naïve (I’m Like A Bird… toussa toussa), la Canadienne reste l’une des artistes « mainstream » les plus protéiformes du milieu des années 2000.
Aux côtés de Timbaland, qui produit en parallèle l’ambitieux « FutureSex/LoveSounds » de Justin Timberlake, Nelly Furtado débarque en effet en 2006 avec un troisième album (« Loose ») d’une rare coolitude, autant éloignée des codes pop de son époque que du comeback de l’indie-rock (Franz Ferdinand, Bloc Party) et des tubes à faire pleurer les ménagères (You’re Beautiful de James Blunt et Bad Day de Daniel Powter, notamment).
Le modernisme de certains singles (Maneater, Promiscuous), l’efficacité de ces refrains aptes à déstabiliser les plus impatients, la grâce chancelante de ces ballades que Gwen Stefani aurait adoré composer (All Good Things) : tous ces éléments ont donc fait de « Loose » une œuvre fondatrice, terriblement hybride, toujours aussi influente dix ans plus tard au cœur des travaux de Rihanna, Drake ou Beyoncé pour cette façon d’être perpétuellement à mi-chemin entre l’avant-gardisme d’une production foisonnante d’idées et la trivialité des poses sexy.