Mais qu'a donc fait Stromae pendant cinq ans ?

La semaine dernière, Stromae annonçait enfin son retour, annonçant d’abord sa venue à Rock En Seine avant d’enfin publier un nouveau morceau. Beaucoup attendaient ça depuis 2016, et l’annonce d’une pause après le succès colossal de son album « Racine Carrée ». Mais quand on observe de plus près, on ne peut pas dire que le Belge se soit tourné les pouces.
  • En 2013, Stromae devient une star mondiale. Avec pas moins de sept singles sur treize titres, « Racine Carrée » s’est écoulé à plus de 2 millions d’exemplaires rien qu’en France, et a mené l’artiste jusqu’au Madison Square Garden de New york. Le point d’orgue d’une tournée de 209 concerts. Stromae se donne à fond, et même trop. Dès 2014, il exprime son souhait de revenir à un rythme normal ; en 2015, c’est le burn out, renforcé par les effets secondaires désastreux d’un traitement contre le paludisme avant sa tournée en Afrique. Il provoque hallucinations, crises de folie, paranoïa, et deux ans plus tard, il confie à Marianne être encore sujet à de violentes crises d’angoisse. À bout de forces, il annonce se mettre en pause à la fin de l'année 2016.

    Mais alors que cet arrêt arrive finalement à son terme, on ne peut pas dire que le Belge soit resté sans rien faire pendant cinq ans. S’il a effectivement arrêté les concerts, et n’a rien publié sous son nom, il a œuvré dans l’ombre. En 2016, déjà, il participe à la réalisation d’un clip pour Yael Naim. Depuis, sous la bannière du collectif Paul, Luc et Martin (aux côtés de Martin Scali et de son demi-frère Luc Junior Tam, Paul étant son vrai prénom) il a travaillé aux côtés de Major Lazer, Dua Lipa ou Billie Eilish, ainsi qu’au film de candidature de la France aux Jeux Olympiques de 2024. Chaque fois, il occupe non pas le poste de réalisateur, mais de directeur artistique.

    Surtout, il s’est mis au service de son projet Mosaert, lancé dès 2009 avec Luc Junior Tam. Au départ pensé pour accompagner la carrière du chanteur (c’est via cette agence que tous ses clips sont réalisés), elle se diversifie rapidement. Sous la direction de la styliste Coralie Barbier, devenue l’épouse de Stromae, Mosaert se lance dans le prêt-à-porter grand public et unisexe, avec une première collection en 2014. Depuis, cinq autres ont été créées, chaque fois avec la complicité du chanteur, en soutien de sa femme.

    En 2018, la marque organise son premier défilé, et, pour l’occasion, le musicien présente son premier titre solo en cinq ans : Défiler, d’une durée de neuf minutes, plein de jeux de mots sur les fils et la marche. « Pour une fois, je n'ai pas écrit pour moi, mais pour la collection et c'était plutôt un chouette exercice », déclare-t-il alors. Il est également rattaché au gigantesque chantier du Grand Paris Express, métro de 200 kilomètres de long, prévu pour 2023. Plusieurs artistes sont conviés pour des installations artistiques dans les 68 gares, et Stromae devrait participer à la gare Pleyel, en Seine-Saint-Denis, au carrefour de plusieurs lignes, en lien avec l’architecte japonais Kengo Kuma.

    Et puis le musicien n’a jamais vraiment arrêté la musique. Cherchant à travailler à son rythme, on le retrouve dès 2017 producteur pour Vitaa ou Bigflo et Oli sur le titre Dommage. Cette même année, il est crédité sur deux titres du nouveau disque d’Orelsan, Tout Va Bien et surtout La Pluie, où il fait même une apparition.

    Le rappeur est même le seul à avoir réussi à ramener Stromae sur scène le temps de ce morceau, lors d’un concert à Bruxelles en mars 2018. Cette même année, beaucoup croient à son retour : outre le titre Défiler, il collabore avec Disiz La Peste et son compatriote Caballero. Il doit également participer au nouveau disque de Julian Peretta, bien que l’album annoncé depuis trois ans ne soit pas encore sorti. Mais Stromae précise alors bien qu’il ne faut pas attendre un nouvel album solo avant 2020, si ce n’est plus. Chose que, bien sûr, beaucoup prennent comme une promesse. Entre temps, il fait un second featuring, cette fois avec Coldplay, aux côtés du saxophoniste Femi Kuti dans le titre Arabesque.

    À ce rythme-là, parler de pause peut même paraître étrange, tant Stromae a multiplié les projets. Mais bien entendu, ceux-ci sont bien différents des performances éprouvantes accompagnant « Racine Carrée ». Là, le Belge reste chaque fois dans l’ombre, peut travailler à son rythme, depuis sa maison de Bruxelles, aux côtés de sa famille. Et s’il est enfin de retour, il annonce d’ores et déjà que désormais, il prendra son temps. Vu son amour des mots à double sens, il n’est clairement pas anodin que son retour se fasse avec le titre Santé. Comme pour indiquer que celle-ci primera sur tout le reste.