2019 M11 13
Par où t’es rentré on t’a pas vu sortir. Les fans le savent, la vie des rockeurs n’est jamais de tout repos mais heureusement, c’est aussi une vieille dame un peu amnésique oubliant souvent les choses racontées la veille. Preuve de cette vérité variable, les Américains des Black Crowes, un groupe formé en 1989 par les frères Chris et Rich Robinson, sous la haute influence de Lynyrd Skynyrd et même Led Zeppelin (tout le monde ou presque se souvient de l’album live « Live at the Greek » avec Jimmy Page, excusez du peu).
En 2015, après avoir vendu plus de 30 millions d’albums et tourné à peu près partout aux États-Unis en insufflant le rêve du « wak’n’woll » chez des million d’ados, The Black Crowes décide finalement de se dissoudre après une énième embrouille entre les deux frères Robinson, naturellement chauds bouillants. Le motif ? Une histoire de rémunération des membres du groupe, principalement du batteur Steve Gorman qui, « bon joueur », tirera un missile en réponse avec la publication de ses mémoires intitulées Hard to Handle: The Life and Death of the Black Crowes, un livre de déballage sur la vie pour le moins tumultueuse on the road (cocaïne, célébrité, débauche et engueulades, la rançon du succès en somme).
Et alors que plus personne n’espérait avoir des nouvelles du groupe, les frères Robinson jouent aujourd’hui au « annule et remplace » en annonçant une tournée de reformation pour fêter les 30 ans de « Shake Your Money Maker », sorti en janvier 1990. L’intégralité des morceaux de l’album (« plus les hits ! », précise l’affiche) sur près de 46 dates aux États-Unis, c'est ce qu’on appelle un retour certes commercial, mais quand même flamboyant. "Nous aimons cette musique. Nous sommes des musiciens. Nous sommes frères, a déclaré Rich Robinson à Rolling Stone US. Nous nous aimons. Chris, moi et tous les nouveaux membres du groupe sommes aujourd’hui dans de meilleures dispositions." Le batteur historique Steve Gorman n’est pas de la partie, mais est-ce vraiment le plus important ? Tous les amateurs de sueur et de riffs, eux, espèrent déjà en silence que le groupe passera par la France (le dernier concert remonte à 2013 à la Cigale, à Paris) et les plus fous rêveront que les autres frères les plus haineux du circuit, les Gallagher d'Oasis, enterrent aussi la hache de guerre. On peut toujours rêver.