Connaissez-vous les "bars audiophiles", ces rades où l'on boit autant qu'on écoute ?

Inspirés des " listening bars " américains, londoniens et japonais, de plus en plus d’établissements célébrant la triade sacrée musique, nourriture, boisson sont en train d’ouvrir. En version française, on peut les appeler les " bars d’écoutes " et leur mission est simple : ravir autant vos oreilles que votre estomac.
  • La scène a de quoi faire rêver tous les bons vivants de la planète. Imaginez-vous confortablement installé dans un établissement original, un succulent cocktail à la main. Alors que le doux fumet qui s’échappe de votre assiette vous caresse les narines, vous entendez dans une qualité optimale vos chansons favorites. Et maintenant, si on vous disait que ces lieux qui mettent vos sens en éveil de la sorte existent, et qu’ils se trouvent peut-être même en bas de chez vous ? Car oui, à Paris comme en province, ces listening bars fleurissent.

    Ces endroits chéris par les audiophiles sont nés dans le Japon des années 1950. Véritables institutions à Tokyo, ce n’est que récemment qu’ils ont commencé à s’exporter aux quatre coins du globe. Que ce soit au In Sheep’s Clothing de Los Angeles, à New York avec le The Four Horsemen — établissement cofondé par James Murphy de LCD Soundsystem — ou encore au Brilliant Corners de Londres, la musique se déguste sur du matériel hi-fi haut de gamme et on creuse autant les vins et les plats que les disques.

    Cette tendance s’est bien sûr répandue en France. À la façon des « bars d’écoutes » cités, chaque adresse à sa spécialité. Par exemple, à Paris, dans le Montezuma Café, création commune de Louis Mesana et Théophile de Penanster, les galettes s’écoutent via un système son unique dans l’Hexagone – enceintes Klipschorn avec un pré-ampli à lampes trois voies, pour les connaisseurs. Cette appétence pour chiner du matos se retrouve bien sûr dans le choix des vins, autre pilier de cette maison.

    Chez Fréquence, lui aussi situé dans la capitale, les deux points centraux ne sont pas les mêmes. Ici, avec leur installation sonore de haute facture, les tauliers du lieu jouent majoritairement de la black music (disco, soul, funk…). Une sélection pointue affichée fièrement derrière un imposant bar, qui leur sert à composer des cocktails originaux, la seconde spécialité de la maison.

    Dans un autre registre et cette fois à Bordeaux, le Café Mancuso a fait le choix de ne pas choisir de ligne musicale. Devenu référence au fil du temps, là-bas, le maître mot est l’éclectisme. Les passeurs de sons et les artistes sont invités à venir faire découvrir aux clients leurs coups de cœur ou albums, sans restriction de genre. Plus récemment, le Mancuso (nom emprunté à une figure de la nuit new-yorkaise) a ajouté aux sessions d’écoutes des échanges avec les auditeurs pour encore mieux partager la musique.

    C’est dans ce cadre-là que le compositeur Superpoze s’est invité à la programmation du listening bar bordelais. Pour profiter au maximum de toutes les subtilités de son dernier album « Nova Cardinale » (2022), le choix de ce type d’adresse était évident. Pensé comme « un endroit fait de sons dans lequel on peut trouver un chemin, se perdre ou rester immobile et observer les alentours » son disque fourmille d’idées et d’outils. Rien que pour le single Parabel, une dizaine d’instruments (flûtes, orgue, synthétiseurs, percussions, boîte à rythmes, violoncelle, wurlitzer, glockenspiel) ont été utilisés.

    Pendant une bonne partie de l’été, le musicien a répété cette expérience, aussi bien en France qu’en Europe. On vous remet ici le lien des événements, comme ça, vous aurez une sélection aux petits oignons des adresses les plus en vues.

    Crédit photo en une : Sophie Newman @ L'altitude (Bruxelles)

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