2020 M01 17
#Bruxellesvie. Le public français a toutes les raisons de s'en vouloir. Pendant longtemps, il a presque volontairement snobé ce qui se produisait à l'extérieur de ses frontières. Sauf que depuis l'avènement de Caballero & JeanJass, de Roméo Elvis, de Di-Meh, de Loud ou de Damso, il paraît compliqué de rester sourd aux propositions venues de Belgique, du Canada ou de Suisse. La tendance se confirme aujourd'hui avec « Osef », le premier album des Alchimistes, entité formée en 2014 par deux Bruxellois, Ruzkov et Rizno. Deux potes d'enfance qui se connaissent depuis le collège, qui ont grandi dans le même quartier et qui sont tous les deux issus d'une vague d'immgration : russe pour le premier, congolaise pour le second.
À l'école du clash. L'élément déclencheur est la découverte des Rap Contenders au début des années 2010 : les deux comparses s'amusent alors à écrire leurs propres clashs et s'essayent à l'exercice, à l'école ou dans leur quartier. Dans la foulée, Rizno et Ruzkov enchainent, et finissent par se retrouver dans les studios de Krisy, véritable tête pensante du rap belge de la dernière décennie, à l'origine des premiers véritables morceaux de Damso, Kobo ou Lous & The Yakuza. « À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de studios et les studios étaient très chers, expliquait Rizno dans une interview à Booska-P. Krisy avait une formule qui permettait à tout le monde d’aller chez lui. Quand on allait là-bas, on voyait tout le monde. C’était dans sa petite chambre, son grenier... »
Ne reste alors plus qu’à se trouver un nom : ce sera Les Alchimistes, en hommage au manga Full Metal Alchemist. Simple, efficace.
Savant mélange. Depuis, le duo bruxellois revient régulièrement donner des nouvelles : après deux mixtapes (« #DansLaLoge » en 2017, « Antisocial » en 2018), c'est avec « Osef » qu'ils débarquent aujourd'hui. Un premier album enregistré, entre autres, aux côtés de JeanJass et Laylow, décidemment dans tous les bons coups en 2020. Dans les faits, ça donne un projet intelligemment construit, où les morceaux chantonnés (le fleur bleue Lolita) croisent la trap hardcore et des titres plus sombres, écrits à l'Encre noire. On comprend alors mieux pourquoi ce disque hésite en permanence entre des histoires de Bandit, de Défonce et des moments plus introspectifs, marqués par le spleen.