Les 8 meilleurs moments musicaux de la carrière de Xavier Dolan

Alors que CANAL+ diffuse ce soir l'épisode final de sa première série, "La Nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé", et que tous ses films sont disponibles sur myCANAL, le moment est parfaitement choisi pour revenir sur la passion bien connue de Xavier Dolan pour la musique pop, avec une sélection subjective de quelques grands choix musicaux de sa filmographie (1 par long-métrage).
  • Vive la Fête – Noir Désir (J'ai tué ma mère, 2009)

    Dès son premier film, Xavier Dolan a marqué les esprits et fait comprendre à tout le monde qu'il ne déconnait pas du tout en matière de musique. La preuve avec ce passage de J'ai tué ma mère, où le réalisateur et celui qui joue son petit-ami (François Arnaud) dans le film s'échangent les sourires les plus craquants du monde dans un ascenseur, avant de lancer sur un magnétophone un morceau du groupe belge Vive la Fête (un nom approprié).

    Ce banger dance-punk accompagne une session bouillante de dripping entre les deux compères, qui finissent par s'envoyer en l'air sur des journaux tâchés de peinture, pendant que la chanteuse Els Pynoo hurle "LAISSE MOI T'EMBÊTER !" Pfiou.

    The Knife – Pass This On (Les Amours imaginaires, 2010)

    La définition du seum en soirée ? C'est observer avec envie comme Xavier Dolan et Monia Chokri dans Les Amours imaginaires la personne que l'on désire ardemment (Niels Schneider en l'occurence), s'éclater sur le dancefloor avec… sa mère portant une perruque bleue (fabuleuse Anne Dorval).

    L'imagination des deux prétendants s'emballe ensuite un peu à la vue de cette scène de danse éclairée par une lumière stroboscopique, au rythme de la synthpop du groupe suédois The Knife. La frustration n'a jamais été aussi belle.

    Moderat – A New Error (Laurence Anyways, 2012)

    Qu'il est difficile de ne sélectionner qu'un seul morceau dans le meilleur film de Xavier Dolan. En définitive, nous n'avons pas d'autre choix que d'honorer la scène bouleversante des ultimes retrouvailles entre le personnage transgenre joué par Melvil Poupaud et son amour de toujours (Suzanne Clément) dans les paysages enneigés de l'île au noir.

    Des vêtements colorés tombent du ciel par dizaines au ralenti sur le couple en promenade, dont la folle complicité est accompagnée par la mélodie synthétique et mélancolique de Moderat. C'est le crépuscule de l'amour d'une vie, et ça ne s'oublie pas.

    Kathleen Fortin – Les Moulins de Mon Cœur (Tom à la ferme, 2013)

    Mamma mia, quelle séquence d'introduction ! Au volant de sa voiture, sur une route de campagne québécoise, le personnage joué par Xavier Dolan se rend aux funérailles de son copain, filmé avec des plans aériens dignes de la première séquence du Shining de Stanley Kubrick, tandis que le seul son que l'on entend est la voix a cappella de Kathleen Fortin, qui reprend Les Moulins de Mon Cœur, grand classique du compositeur Michel Legrand. Beaucoup trop classe.

    Ludovico Einaudi – Experience (Mommy, 2014)

    Peut-être la scène la plus dévastatrice de toute la filmographie de Xavier Dolan. Nous sommes à la fin de Mommy : Anne Dorval, qui incarne la mère d'un ado souffrant de TDAH (Antoine Olivier Pilon) décide de l'emmener en pique-nique avec leur voisine (Suzanne Clément). Le format de l'image s'élargit pour accompagner la rêverie de cette mère imaginant la vie heureuse qu'aurait pu avoir son fils, au son de la musique classique du compositeur italien Ludovico Einaudi.

    On s'y croirait presque et on pourrait imaginer que c'est la fin du film à mesure que le morceau devient de plus en plus intense, mais l'image finit par se troubler et on revient à la triste réalité et son format carré, car le personnage principal sera en réalité interné dans un hôpital. Quiconque ne pleure pas à la fin de cette scène n'est pas humain. En bonus, sachez que l'idée du film a été en partie inspirée par ce titre.

    O-Zone – Dragostea din tei (Juste la fin du monde, 2016)

    C'est bien connu, pour Xavier Dolan, aucun plaisir n'est coupable en musique, et il a bien raison. Il en apporte la preuve ultime dans cette scène où une mère de famille jouée par Nathalie Baye tient absolument à exécuter sa chorégraphie d'aérobic avec sa fille (Léa Seydoux) devant le fiston disparu pendant douze ans (Gaspard Ulliel), pour le plus grand malheur de l'aîné (Vincent Cassel) qui ne peut pourtant pas résister longtemps.

    Juste avant une reprise du refrain, le film augmente sensiblement le volume du titre dans le mixage audio, et le personnage de Gaspard Ulliel se remémore des souvenirs heureux de son enfance au son de ce morceau kitschissime. Il nous manque tellement.

    Florence + The Machine – Stand By Me (Ma vie avec John F. Donovan, 2018)

    Le film hollywoodien de Xavier Dolan est le vilain petit canard de la filmographie du cinéaste. Et beaucoup trouveront cette scène beaucoup trop guimauve à leur goût. Pourtant, les yeux fragiles ne résistent pas non plus à ce monologue en voix-off où un enfant de 11 ans (Jacob Tremblay) raconte à quel point sa relation avec sa mère célibataire (Natalie Portman) est unique, pendant que cette dernière le cherche désespérément sous une pluie battante, le tout mixé avec une reprise de Ben E. King.

    Encore mieux : le climax de la chanson est synchronisé avec le moment où la mère et son fils se retrouvent et courent l'un vers l'autre au ralenti. C'est peut-être cliché, mais c'est aussi tellement réconfortant.

    Pet Shop Boys – Always on My Mind (Matthias et Maxime, 2019)

    Xavier Dolan sait soigner l'entrée en matière de ses personnages. Dans son dernier film en date, le personnage horriblement misogyne joué par la star montante Harris Dickinson (rôle principal de la Palme d'Or 2022, Triangle of Sadness de Ruben Östlund) apparaît pour la première fois au sommet d'un escalator en train d'écouter le groupe LGBT par excellence, Pet Shop Boys.

    Le morceau en question (Always on My Mind) est parfaitement adapté au point de départ du film, l'obsession de deux hommes pour un baiser partagé. Et la tête de Matthias (Gabriel D'Almeida Freitas) lorsqu'il aperçoit pour la première fois la silhouette parfaite de Dickinson est d'autant plus savoureuse que Dolan sous-entend clairement que son personnage est peut-être secrètement gay.

    La filmographie de Xavier Dolan en replay sur CANAL+, c'est par là.

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