Le réalisateur de "Bohemian Rhapsody" enchaîne avec un biopic sur les Bee Gees

Le trio anglais aux 220 millions de disques vendus, emblème du disco grâce au film « Saturday Night Fever », aura (enfin) droit à son biopic, neuf ans après une première tentative avec Steven Spielberg qui n’a pas abouti. Retour express sur l'historie d'un groupe hors norme.

Graham King devrait réussir là où Spielberg a échoué. Tous ceux qui dansent encore sur Stayin’ Alive et Night Fever n’ont pas fini de se trémousser : le réalisateur de Bohemian Rhapsody, le film controversé consacré à la vie de Freddie Mercury et de Queen, s’est associé à Paramount pour un biopic sur l’histoire des frères Gibb, véritable phénomène disco dans les années 1970. Ayant racheté les droits des chansons, le studio pourra les inclure dans le film afin de revenir sur les différentes périodes musicales du groupe. Car si l’on connaît tous leurs années disco et leurs tubes en pagaille, l’histoire des trois frères a débuté bien avant : en Australie à la fin des années 1950. 

Love and hate. La famille quitte l’Angleterre pour l’Australie en 1958. Barry, Robin et Maurice forment les Bee Gees et commencent à gagner en popularité. Un premier album, « The Bee Gees Sing and Play 14 Barry Gibb Songs » sort en 1965 uniquement en Australie suivi d’un deuxième (« Spicks and Specks ») l’année suivante. Le titre éponyme est nommé meilleure chanson de l’année, mais frustrés par le manque de succès, les frères Gibb décident de retourner au pays natal en 1967, année qui coïncide aussi avec la fin de la beatlemania...

Juste avant de partir, le groupe avait fait parvenir des démos à un certain Brian Epstein, alors manager des quatre scarabées. Mieux, les Bee Gees signent un contrat de 5 ans avec Polydor et connaissent un début de succès international, marqué par divers albums et des tournées sold out. Un premier triomphe qui va vite s’estomper et les Bee Gees se séparent entre 1969 et 1971. La raison ? Les frérots ne peuvent plus se blairer. 

 

Dicso time. Dès 1973, les Bee Gees sont de retour mais au point mort, et n’arrivent pas à donner un nouvel élan à leur musique. Ils font la rencontre du producteur Arif Mardin, l’homme qui produira le premier album du groupe sur lequel on entend le fameux falsetto de Barry Gibb (« Main Course » en 1975), qui deviendra la marque de fabrique du trio dans la période disco.

Le disque suivant confirme la nouvelle direction du groupe et leur permet de (re)trouver la célébrité, notamment aux USA. C’est à ce moment-là, alors que les Anglais sont en studio en France, qu’on leur demande de réaliser des morceaux pour le film La Fièvre du Samedi Soir (Saturday Night Fever). Les chansons produites (Stayin' Alive, Night Fever ou encore More than a Woman), comme le film en lui-même avec John Travolta, auront un impact sans précédent sur la culture disco ; à titre d'exemple, le disque s'installe en tête des charts pendant plus d'un an (24 semaines en tête du box-office américain).

Des hauts et des bas. Arrivés au sommet, les frères ne pouvaient que sombrer. Les années 1980 sont une longue et lente descente aux enfers durant laquelle chacun s’essaie à une carrière solo. Les problèmes d’alcool et de drogues ravagent les relations, mais les Bee Gees parviennent encore à revenir en 1987 avec l’album « E.S.P. ». Toujours populaires, les trois frères continuent leur bonhomme de chemin. Maurice décède en 2003, puis Robin en 2013. Le seul membre toujours en vie, Barry, monte occasionnellement sur scène et continue de faire vivre l’héritage des Bee Gees.

Une histoire riche et mouvementée qui peut donner lieu à un très bon biopic, si celui-ci ne reproduit pas les erreurs de Bohemian Rhapsody, notamment concernant les addictions aux drogues et à l’alcool, point central dans les relations des trois frères. Barry Gibb a même déclaré à Rolling Stone : « Nous étions frères, mais nous n’étions pas des amis. Il y a eu trop de mauvais moments et pas assez de bons moments. Un peu plus de joie aurait été super. »