2020 M09 18
Loin des artistes fantasmant des vies qu'ils n'ont pas, se rêvant des vies Instagram à partir de petites popsongs sans chair, il y a Voyou. En deux ans, celui qui s'est fait remarquer avec son tube faussement léger Seul sur ton tandem a lentement percé comme on dit dans le rap game, puis sorti un album ("Les bruits de la ville"), jusqu'à devenir le symbole d'une pop française à la fois moins parisienne et peut-être, un peu moins artificielle.
Et c'est donc avec la même allure déguingandé qu'on le retrouve sur un EP 7 titres offert comme ça, gratuitement ou presque, alors même que la France semble complètement plombée par plusieurs mois anxiogène. Plutôt qu'un énième disque de chansons déprimantes ramenant l'auditeur à son quotidien, lui semble prendre un malin plaisir à s'évader vers une drôle de dimension où Henri Salvador et Jorja Smith peuvent cohabiter dans une petite maison. C'est tout le charme de ces "confettis en désordre" où le garçon reprend les deux artistes précités, respectivement sur Jardin d'hiver et Teenage Fantasy, à chaque fois à sa manière; pas vraiment jazz, pas vraiment pop FM non plus. Une certaine idée de l'entre-deux, juste.
Avec l'air du nord (cet esprit de fanfare doublé par des chorales lilloises) dans sa poche, Voyou impose peu à peu une autre manière de faire claquer les mots en français dans le texte. C'est à l'inverse de la prétention clinquante à paillettes qui semble toucher une partie des groupes inspirés par L'Impératrice et, qu'on le veuille ou non, difficile de résister au single Les humains. C'est précisément de ça dont il est question en 2020. Qui sait, sans plans de carrière, ce garçon est peut-être en train d'en construire une.