2021 M05 15
Comment les membres de Radiohead voyaient-ils les ordinateurs il y a 24 ans ? A priori, très mal. Tout comme Stanley Donwood, l’homme derrière la pochette de “OK Computer”. Alors que le groupe anglais s’apprête à devenir mondialement connu avec cet album, leur but premier étant de dénoncer certains maux de la société, dont le début d’Internet. La cover du disque reflète presque totalement son contenu, parfois engagé, parfois hasardeux, mais qui sait toujours où il va.
“OK Computer” est considéré comme “une mise en garde pour l’ère numérique” d’après la bibliothèque du congrès de Washington. C’est en effet l’idée du groupe au moment de l’enregistrement qui voit d’un mauvais œil tout ce qui ressemble de près ou de loin à un ordinateur. Stanley Donwood s’est donc complètement inspiré de ce concept pour faire le visuel de l’album. La pochette de “OK Computer” a été entièrement constituée numériquement, mais son créateur a tenu à ne pas utiliser une seule fois l’option lui permettant de revenir en arrière et donc d'effacer ce qu'il venait de réaliser. La raison ? Cette option n’existe que sur internet et pas dans la vraie vie. Donwood parle de son œuvre comme “l'impression visuelle d'une langue fantôme ou les reliques d'un désastre.” Soit.
En partant d’une simple photo, Donwood a tenu à incorporer les codes d’un Internet alors naissant sur la cover du troisième album de Radiohead, la rendant presque robotique. Rien n’est laissé au hasard sur cette pochette. Le blanc immaculé ? C’est tout simplement parce que… c’est la couleur de la mort. Le but de l’artiste était de concevoir “un hiver nucléaire, c’est-à-dire ce qui se passe après une guerre atomique” On ne peut pas dire que l’on a affaire à un grand optimiste, mais plutôt à un paranoïaque des androïdes.
Les fans les plus hardcores de Radiohead se sont alors lancés à la recherche de l'intersection que l’on voit sur la pochette. En 2017, alors que l’album fête ses 20 ans, un admirateur du groupe trouve le fameux croisement. Il se situe au fin fond du Connecticut, à Hartford. Pourquoi donc les membres de Radiohead, tous Anglais, auraient choisi un lieu aussi méconnu et loin de chez eux pour leur pochette ? Là encore, les fans ont une théorie. Le groupe a effectué un concert à Hartford en août 1996 et juste en face de cette intersection se trouve l’hôtel dans lequel il résidait. Touché, coulé.
A l’intérieur, “OK Computer” marque la transition de l’humanité vers l’ère numérique, mais à l’extérieur aussi. Le véritable exploit de cet album, c’est de s’être écoulé à près de 8 millions d’exemplaires dans le monde avec un artwork qui n’a jamais été modifié une seule fois.