Le jour où Edith Piaf a sauvé l’Olympia de la faillite

Il y a soixante ans, l’Olympia aurait bien pu fermer définitivement ses portes. Il y a soixante ans encore, Edith Piaf aurait bien pu arrêter totalement la musique. Heureusement, rien de tout ça n’est arrivé : voici l’histoire totalement folle du sauvetage de la salle de concert la plus mythique de Paris par la Môme en personne.
  • En 1961, Edith Piaf n’a plus envie de faire de la musique. Ses plus gros succès sont déjà loin derrière elle (La Vie En Rose est sorti 15 ans plus tôt) et la chanteuse ne veut même plus monter sur scène. Pendant ce temps, l’Olympia, alors dirigé par Bruno Coquatrix, est au bord de la faillite après un enchaînement d’annulations à la dernière minute ainsi que des choix douteux. 

    Quelques mois avant qu’Edith Piaf monte sur la fameuse scène parisienne, Gilbert Bécaud (l'équivalent de The Weeknd à l’époque) annule tous ses concerts prévus à l’Olympia. C’est un nouveau coup dur pour la salle de concert qui traverse une mauvaise passe, et qui est alors forcée d’organiser des spectacles de cirque. C’est lorsque les troubadours se retrouvent à faire des pirouettes devant dix personnes que la situation devient réellement catastrophique pour la salle. Dès lors, une seule solution s’offre à Bruno Coquatrix pour sauver l'Olympia : appeler l'une de ses vieilles amies, Edith Piaf. 

    Coup de bol pour Coquatrix, alors que la Môme vit des moments difficiles, elle accepte. L’unique raison de cette réponse positive ne tient qu’à une chanson : Non, je ne regrette rien. Ce morceau, composé par Charles Dumont (musicien détesté par Piaf à l’époque) et écrit par Michel Vaucaire, a été proposé à la chanteuse quelques semaines seulement avant l’appel de détresse de l’Olympia. Lorsqu’elle l’entend pour la première fois, c’est le coup de foudre. Cette chanson lui correspond à merveille et Edith Piaf décide de l’interpréter pour son retour sur scène à l’Olympia, le 29 décembre 1960.

    La Môme signe pour trois mois de concerts chaque soir sur la célèbre scène parisienne. Dès le premier jour de ses représentations à l’Olympia, c’est un franc succès. Dans l’assemblée, on retrouve toutes les stars de l’époque : Paul Newman, Jean-Paul Belmondo, Marlène Dietrich… Tous venus admirer Edith Piaf renaître de ses cendres grâce à une chanson qui marquera les esprits à jamais.

    Après 22 rappels (oui, 22 rappels), Piaf quitte la scène, mais elle la retrouvera de nouveau pendant trois mois de suite, donnant parfois deux représentations dans la même soirée. Elle ne récupérera aucune des recettes engrangées. Logique  puisque le but initial était de sauver l’Olympia de la faillite. Le plus fou dans cette histoire, c’est que la chanteuse n’aurait jamais dû réussir à remonter sur scène. Elle souffrait d’une maladie inflammatoire au niveau des articulations, et si elle a pu performer sans que ses problèmes de santé ne se ressentent, c’est uniquement grâce à la morphine.

    Finalement, après ce concert-sauvetage, la Môme reprend goût à la musique. Elle continuera d’enregistrer des morceaux et de se produire sur scène jusqu’à sa mort. A se demander si c’est Edith Piaf qui a sauvé l’Olympia, ou bien l’inverse.