Le Jour où Bob Marley a failli se faire buter par des fous furieux

A l'occasion des 40 ans de la mort de la plus grande icône du reggae (c'était le 11 mai 1981), intéressons nous à cette autre date clef de la vie de Bob Marley. Car cinq ans avant de mourir, l'icône flirtait une première fois avec la faucheuse après que six assaillants aient pénétré dans sa villa dans l'idée de tuer tous ceux qui pouvaient bien s'y trouver. Récit.
  • Bob Marley est de ces artistes que l’on a l’impression de connaître par cœur. On l'a vu faire le beau aux côtés de Miss Monde 1976 (Cindy Breakspeare), unir la Jamaïque le temps d'un concert lors duquel il joignit les mains de Michael Manley et Edward Seaga, deux opposants politiques, taper un foot avec l'équipe du FC Nantes. On a su qu'il avait travaillé pour l'usine Chrysler aux États-Unis ou encore, via la biographie de son épouse (Rita Marley), qu'il avait été l'auteur de violences conjugales à son encontre. Sur les marchés, on voit son visage orner nombre de t-shirts vendus à bas prix, tandis que ses classiques sont entonnés dans les parcs du monde entier par des apprentis guitaristes.

    Ce que l'on sait moins, c'est que nombre de ses tubes auraient pu ne jamais voir le jour si, un soir de décembre 1976, Bob Marley avait succombé à la fusillade dont il était la cible.

    À l'époque, Bob Marley est déjà une immense star. À 31 ans, il est même le porte-parole du reggae, l'auteur d'albums certifiés disques d'or (« Natty Dread », sorti en 1974) et de tubes fédérateurs, certains étant repris par les rockstars (I Shot The Sheriff par Eric Clapton). De quoi susciter l'admiration, mais également pas mal de jalousie. À l’image de cette villa luxueuse, située dans un quartier chic de Kingston, celle-là même où, le 3 décembre 1976, aux alentours de 20h30, sept hommes armés entrent par effraction et vident leurs chargeurs (soit environ 56 balles) sur toutes les personnes présentes dans la pièce, dont Rita Marley (touchée à la tête), Bob (qui s'en sort avec une balle dans le bras et quelques égratignures à la cuisse) et les Wailers, venus répéter.

    Si personne ne succombe à cette fusillade, l'attaque fait couler beaucoup d'encre au sein d'une île qui, plombée par la violence, la pauvreté et les magouilles mafio-politiques, vit sous l'état d'urgence depuis deux ans. On dit que les membres du JLP, parti libéral d'opposition, auraient commandité l'attaque. On dit aussi que la CIA serait impliquée, par crainte de voir la Jamaïque virer communiste sous les discours de Marley, cet élément subversif qui dérange le pouvoir en place.

    Aujourd’hui encore, impossible de savoir qui est à l’origine de cet assaut armé. On sait en revanche que, deux jours plus tard, Bob Marley se présente sur scène, le temps d'un concert organisé pour la paix à Saint Andrew, à l’invitation du président Michael Manley - lequel, c'est bien là le problème, a déplacé les élections dix jours après l'évènement, laissant supposer que Bob Marley donnerait ce concert en soutien à sa candidature.

    Il n'en est rien : Bob Marley, qui a toujours nié avoir été impliqué dans les élections présidentielles, finit par quitter la Jamaïque en janvier 1977, s'installe à Londres et ne revient sur ses terres que deux ans plus tard, au moment de la sortie de « Survival ». Un disque où figure Ambush In The Night, dont le refrain fait clairement écho à cette fameuse nuit : « Une embuscade dans la nuit/Tout les fusils braqués sur moi/ Une embuscade dans la nuit/ Ils ont ouvert le feu sur moi ».