Le disque du jour : « Wide Awake! » de Parquet Courts

Trop punks pour se prendre au sérieux, les gars de Parquet Courts semblent jouer leur vie à chaque morceau et continuent avec « Wide Awake! » de composer des brûlots à chanter à tue-tête, l’haleine chargée de bière bon marché.
  • Punk attitude. Au sein d’une époque où trop d’albums s’écoutent sans laisser de traces véritables, glissent sans déraper et manquent cruellement de relief, Parquet Courts a toujours cherché à composer de véritables œuvres, et pas simplement des compilations de morceaux. « Sunbathing Animal », « Light Up Gold » ou encore « Human Performance », tous ces albums partageaient cette même ambition, avec toujours ce qu’il fallait de vigueur, de spontanéité et d’urgence pour se tailler une crédibilité punk.

    Ambition pop ? Lorsqu’on a appris que ces Texans exilés à New York allaient collaborer avec Danger Mouse (The Black Keys, U2) pour leur cinquième album, on craignait donc le pire : comment conserver sa furie électrique et son goût des riffs aiguisés en confiant la production de son disque à celui qui a fini par développer un son personnel, ouvertement pop ? Réponse : en restant fidèle à ses principes et son ambition première.

    Poésie du pavé. De Total Football à Tenderness, c'est bien un punk-rock à la fois lo-fi et désenchanté que continuent de défendre les deux compositeurs-chanteurs-guitaristes, Andrew Savage et Austin Brown. Il y a parfois des intentions plus pop (Before The Water Gets Too High), voire orchestrales (Back To Earth ou Death Will Bring Change et ses chœurs d’enfants), mais « Wide Awake! », effréné sans être frénétique, malin sans être intello, est une mécanique de précision comme on en voit peu aujourd’hui. Belle et poétique : « Tel un junkie en manque, j’ai besoin d’un fix de tendresse », entend-on résonner en conclusion de l’album.

    Insoumission. En ces temps troublés, il est surtout bon d’entendre une telle vision collective du monde, une critique ouvertement sanglante de l’Amérique de Trump (ses violences policières, ses injustices économiques et sociales, son goût des armes à feu) et tout un tas de tubes énervés qui ne revendiquent rien, sinon un droit à la turbulence et à l’impertinence. Ce sont les hanches qui s’en réjouissent. En jouissent même.

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