2018 M05 25
Entre amis. « Il [Kanye West] a transformé l’hôtel dans lequel on logeait en maison Yeezy. Il faisait du design pour ses sneakers dans une suite, faisait de la musique dans une autre suite et je faisais de la musique dans ma suite. C’était fou. On a fermé l’hôtel entier. » Quand on lit ce genre de propos dans Complex, on se dit qu’il est loin le temps où A$AP Rocky publiait des mixtapes à l’arrache et que « Testing », enregistré auprès d’un casting XXL (Moby, Skepta, FKA Twigs, Diddy ou Frank Ocean), n’est finalement qu’un album de nouveau riche satisfait de lui-même et se complaisant dans la luxure.
Audacieux. Rien n’est plus faux : le troisième album du New-yorkais, attendu à l’origine pour septembre 2017 et enregistré en partie entre Londres et Berlin, est en réalité un disque qui fuit le conformisme : tandis que Drop$ est basé sur l’utilisation d’une mélodie jouée à la guitare acoustique, Praise The Lord (Da Shine) a été composé aux côtés d'un scientifique. Tout l'album a été pensé sous les regard bienveillants de Mos Def ou MGMT.
« J’ai découvert des sons que je n’avais jamais entendus auparavant, donc j’essaie d’inclure tout ça dans mon nouveau projet, précisait-il récemment, toujours à Complex. Vous avez déjà entendu parler des gens qui décrivent un trip sous LSD et qui vous parlent de couleurs qu’ils n’ont jamais vues avant ? C’est ce que j’essaie de décrire. C’est comme un trip sous drogues. »
Œuvre d’art. Tout au long de ces quinze titres, A$AP Rocky refuse de se reposer sur ses acquis, et c'est précisément ce hip-hop un peu fourre-tout qui rend le disque séduisant. On ne retrouve pas forcément la nervosité et la spontanéité d'une mixtape telle que « Live. Love. ASAP » (véritable Saint Graal pour tous les fans du rappeur), ni de refrain évident, mais la formule prend grâce à la science du son d'A$AP Rocky qui crée ici un véritable album, une œuvre dont les reliefs ne se révèlent pas facilement et nécessitent plusieurs écoutes. Saluons cette prise de risque.