La production mondiale de vinyles menacée par un incendie en Californie

Il faut croire que l’année 2020 sera marquée par les feux de toutes sortes. Après les incendies ravageurs en Australie, c’est désormais au tour de l’usine Apollo/Transco de partir en fumée, en Californie. Le hic ? C’est l’une des deux seules au monde où se produit la laque, nécessaire à la production de vos vinyles préférés.

« Un triste jour pour l’industrie du vinyle. » C’est en ces termes pas vraiment réjouissants que Vinyl Alliance (un rassemblement d’acteurs militant pour le 33 tours) s’est exprimé à la suite de l’incendie qui a touché le gigantesque bâtiment d’Apollo/Transco à Banning, Californie. Si tout cela est dit avec beaucoup de gravité, c’est parce que l’usine installée là-bas depuis 1987 produit la laque, un matériau indispensable à la fabrication des galettes noires. Et que le feu, dont l’origine est pour l’heure inconnue, pourrait bien mettre la planète musique en rupture de stock. Le seul concurrent d’Apollo/Transco se situant au Japon (chez MDC), c'est bien la preuve que cette industrie, malgré des ventes en hausse, reste bien fragile.

Si tout cela vous paraît anecdotique, c’est une erreur. L’incendie de l’usine californienne pourrait stopper net ce fameux « retour du vinyle » avec lequel on nous rebat les oreilles depuis tant d’années et qui, pourtant, est bien réel. Selon Billboard, 2019 a bien été la 14ème année consécutive à battre un record de ventes de 33 tours, avec une hausse rien qu’aux USA de 14,5% soit presque 19 millions de copies écoulées sur l’ensemble de l’année. Les chiffres communiqués par Nielsen Music sont à ce titre imparables : le vinyle a représenté en 2019 presque 17% des ventes totales de disques physiques. Rien que le « When We All Fall Asleep, Where Do We Go ? » s’y est écoulé à 176 000 copies ; c’est dire le succès renaissant du format, prêt pour la première fois à repasser devant le CD depuis 1986.

Pour autant, cet incendie permet encore une fois de requestionner l’aspect écologique du vinyle. Télérama rappelle à ce titre que le vinyle est constitué à 43% de PVC, l’une des substances les plus toxiques au monde selon Greenpeace, et que pour l’heure toutes les alternatives (y compris celle de ces Bretons ayant créé un disque à partir d’algues vertes) sont insuffisantes pour limiter son impact carbone. Pas sûr que les flammes qui se sont échappées de l’usine Apollo/Transco améliorent ce bilan, mais l’on pourra toujours se consoler en se disant que streamer 27 fois votre album préféré consomme autant d’énergie que si ce dernier avait été produit en CD. La pollution causée par l’industrie musicale devra, sans surprise, être posée sur la table tout au long de la décennie 2020.

Crédit visuel une : kesq.com