2019 M09 4
Si l’on se souvient plus facilement de Daniel Darc, emblématique leader décédé voilà six ans dans son appartement de Bastille, la bouille de coquin de Laurent Sinclair, de son vrai nom Laurent Biehler, est peut-être moins évidente à se remettre en tête. Pourtant, dès le début du groupe en 1978, c’est bien lui qui, derrière son synthé, donne le rythme à Taxi Girl. C’était d’ailleurs le seul à avoir fait le conservatoire. On dit aussi qu’il avait appris l’art de la composition dans un livre « songbook » des Doors. Son talent, il l’avait mis en pratique sur les morceaux Triste Cocktail ou encore Mannequin (un hommage direct à The Model de Kraftwerk sorti l'année précédente). Et puis il y a eu Cherchez le garçon, qui a fait entrer Taxi Girl dans une autre galaxie. Mais qui a aussi, en quelque sorte, sonné le glas du groupe.
La montée en puissance. Avant ce tube, les choses avaient bien débuté. Taxi Girl séduit la presse, se forge une bonne fanbase et les garçons vivent une vie de débauche rock’n’roll. Mais leur label Sonopresse se fait racheter par Pathé-Marconi qui possède d’autres groupes « rock » dans son catalogue (Téléphone, Starshooter). Résultat : le label ne soutient pas Taxi Girl. Quand Cherchez le Garçon sort, et que les ventes explosent, le groupe est (enfin) en position de force mais décide au dernier moment de signer avec Virgin. Ils en profitent pour créer leur propre label, Mankin, avec leur manager à la réputation sulfureuse, Alexis Quinlin. Taxi Girl est alors au top, joue le jeu de la presse, fait des apparitions à la télévision et est en phase de conquérir la France.
Bye Bye Sinclair. Mais en juillet 1981, le batteur Pierre Wolfsohn (fils de Jacques, homme fort de l'industrie du disque à qui l'on doit les signatures de Dutronc ou Hallyday) décède d’une overdose. Fatalement, l'enregistrement du premier album, avec à la production le bassiste des Stranglers Jean-Jacques Burnel, se déroule entre Paris et Londres dans une atmosphère assez pesante.
L’album, intitulé « Seppuku » sort en 1982. Le hic ? Il ne rencontre pas son public. Il est décrit comme sombre et donc pas hyper vendeur. Il porte le deuil du batteur et fait naître des tensions au sein du groupe, surtout entre Sinclair et Mirwais, les deux compositeurs du groupe. À cause de cette mésentente, Laurent est remercié et Taxi Girl continue en duo (Mirwais et Darc). Une descente aux enfers pour le groupe (les fans ne comprennent plus rien quand sort le funky Dites-le fort inspiré de James Brown) qui finira par se séparer en 1986.
Laurent Sinclair, le plus prometteur des trois, tentera une carrière solo avec un album, « Devant le miroir », sorti en 1986. Mais il disparaît peu à peu de la circulation. Il restera en mémoire comme celui qui a composé le plus grand tube du groupe. Un morceau qui a marqué le début de la fin pour Taxi Girl.