L'histoire de Joji, le troll de YouTube devenu génie de la pop

Voici l’odyssée de George Miller, pionnier de YouTube et troll sans nom devenu musicien hyper talentueux. Oui, la reconversion est possible.
  • George le Troll. Aller gueuler dans la rue en se filmant. Emmerder les passants et recueillir leurs réactions en zoomant grossièrement sur leur faciès. Faire des vidéos de 7 minutes bourrées d’effets Sony Vegas tirés de mauvais téléfilms d’action ricains. Manger des conneries. Vomir. Recommencer. Tel était le quotidien de George Miller, plus connu sous le nom de « FilthyFrank », hyperactif sur YouTube dès la popularisation de la plateforme, en 2008. 

    Et ça marchait. L’Américano-japonais, né en 1992 à Osaka avant d’investir Brooklyn, comptait 5 millions d’abonnés. Ce malgré la suppression courante de certaines de ses vidéos, à l’humour trop noir et absurde pour le politiquement correct de certains. Sa plus grande œuvre ? STFU, où il incarne le Pink Guy, l’un de ses personnages phares à la combinaison rose et à l’allure phallique.

    Joji le mignon. 29 décembre 2017. Les drapeaux de 4Chan, Reddit et cie sont en berne. FilthyFrank a muri. YouTube, c’est fini. Désormais, l’homme est apprêté, stylé et musicien. Il faut l’appeler « Joji » - qui n’est autre que la prononciation de son prénom avec l’accent Japonais. Il est signé sur 88Rising, label américain visant à mettre sous le feu des projecteurs les artistes asiatiques émergents. Désormais, Joji, c’est ça.

    Une sensibilité affirmée et des paroles sincères. Le tout incarné par une mèche bordélique et des cernes fillonesques. Le contraste est saisissant. L’homme a un talent certain pour les ballades à la fois aphrodisiaques et mélancoliques. Il le sait. Ce sera d’ailleurs le nom de son premier album, « BALLADS 1 », prévu pour le 26 octobre 2018, soit près d’un an après la sortie d’« In Tongues », l’EP qui a fait oublier le trublion pour laisser place au champion.