2018 M04 9
Pop star. Kali Uchis est originaire de Pereira, en Colombie, mais ça ne s’entend (presque) pas. Contrairement à ses précédentes productions, et à l’exception ici d’un Nuestra Planeta dédié à ses origines, « Isolation » sonne plutôt comme de la pop music américaine. Sans que cela soit insultant ou réducteur : de Body Language à Killer, ce premier véritable album est une réussite, une œuvre incroyablement fertile qui ne voit décemment pas pourquoi un(e) artiste serait obligé(e) de choisir aujourd’hui entre un son typiquement R'n'B ou de la pop FM, entre le hip-hop et la soul - l’important étant que les mélodies soient efficaces.
Casting XXL. D’un point de vue mélodique, il faut le dire, « Isolation » doit également beaucoup à ses différents invités, tous plus prestigieux les uns que les autres : Jorja Smith, Bootsy Collins, Tyler, The Creator, Damon Albarn (à la production d’In My Deams), Steve Lacy, Thundercat, Kevin Parker ou encore la nouvelle coqueluche du reggaeton colombien, Reykon. De là à voir Kali Uchis comme une opportuniste au réseau bien fourni ? Peut-être ! Mais est-ce vraiment important quand toutes ces collaborations restent cohérentes et donnent naissance à des titres parfaitement hédonistes, à entendre comme une débauche de nuages dans un ciel d’été ?
Liberté. En fait, tout le disque pourrait se résumer à l’affirmation de Kali Uchis, qui dit avoir voulu en faire une « ode à la libération ». Quelque chose qui lui permet de chanter des textes à reprendre en cours d’affirmation personnelle (« If you need a hero, just look in the mirror »), d’être aussi bien dans l’introspection ou dans l’hommage appuyé (Flight 22, sous haute influence Amy Winehouse) que dans la recherche de petits tubes pop (Just A Stranger)suffisamment courts pour qu’on n'ait quoi que ce soit à leur reprocher. Un peu à l'image d'« Isolation », bourré de nuances et assez malin pour ne jamais tomber dans un trop-plein d'idées qui plomberait l'impact et l'efficacité d'un disque conçu pour durer.