2016 M11 15
N’en déplaise à la critique qui lui a toujours préféré l’album suivant, « Paul’s Boutique », comparé par Rolling Stone au « Pet Sounds » des Beach Boys, « Licensed To Ill » est bel et bien le disque par lequel le changement est arrivé, celui qui fait les poches du hard rock et du hip-hop et reformule le tout sous forme de coup de poing auditif. Tout est nouveau : flows, sons, thèmes et attitudes.
Pourtant, bien qu’il cumule tous les ingrédients de la furie adolescente, « Licensed To Ill » cache un savoir-faire mélodique qui fait toute sa force. C’est un joyeux foutoir, certes, un disque de jeunes juifs blancs, ok, mais dès sa sortie, le 15 novembre 1986 donc, tout laisse à penser que son succès sera foudroyant. Et ça ne manque pas : porté par un manifeste – (You Gotta) Fight For Your Right (To Party !) –, une production titanesque (merci Rick Rubin !) et un goût pour les riffs tonitruants (« Si j’étais guitariste, je serais Jimmy Page », rappe Ad-Rock sur The New Style tandis que The Ocean de Led Zeppelin est samplé sur She’s Crafty), « Licensed to Ill » est le premier album de rap à se hisser au sommet des charts américains. Il est surtout le premier symptôme d’un rap hybride, prêt à évoluer hors des dogmes que les gangsta-rappeurs ou les amateurs de boom-bap commencent à cimenter. Forcément, leurs contemporains auront du mal à lutter.